Les impacts santé du télétravail
Si le télétravail a été salutaire pour l’activité de nombreuses entreprises pendant la pandémie de Covid-19, il l’a souvent moins été pour la santé de leurs employés. Afin de dresser l’état actuel des connaissances sur les risques professionnels de ce mode d’organisation, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) a réalisé une revue approfondie de la littérature, en la combinant à une recherche de terrain réalisée en Espagne, France et Italie.
Le document publié le 22 octobre dernier montre que le télétravail a fait un bond pendant la crise sanitaire, atteignant 11 % dans les 27 pays de l’Union européenne contre 3 % en 2019. Les risques psychosociaux (RPS) y sont le plus fréquemment associés.
Dans les emplois à niveau d’interactions sociales élevé, comme l’enseignement ou le commercial, la tâche a été « difficile à reproduire virtuellement sans perte de qualité », relève la publication. Les salariés étaient mal préparés à ce basculement soudain et obligatoire, « ce qui a souvent entraîné une augmentation de la charge de travail et du stress ». Sans parler de leur sentiment de frustration persistant et de leur autodépréciation face aux mauvais résultats obtenus.
Le télétravail a également généré des heures supplémentaires informelles, des horaires irréguliers et une disponibilité constante, particulièrement aux débuts de la pandémie, ce qui provoqué un surcroît de stress et des problèmes de santé. Il est aussi source d’isolement, identifié comme un vecteur de RPS. Il entraîne une perte de la qualité des communications interpersonnelles et non verbales et nuit à la bonne collaboration des équipes. De fait, les réunions virtuelles s’en trouvent multipliées, entraînant chez le salarié fatigue, ralentissement de son rythme habituel de travail et crainte d’être mal compris.
L’intrusion du télétravail dans l’espace domestique du salarié peut être aussi la source d’éventuels conflits démoralisants : rapports modifiés avec le conjoint, gestion difficile des enfants, manque d’espace pour travailler, technologie inadaptée, etc. Enfin, note le document, « il existe des indications suggérant que les risques de troubles musculosquelettiques (TMS) pourraient être à la hausse », même si les recherches actuelles sur leur incidence chez les travailleurs à domicile sont encore limitées.