Initiatives collectives sur la santé des travailleurs
En mai dernier, la seconde édition des Etats généraux de la santé des travailleuses et travailleurs a permis de discuter d'actions à mener face à divers risques. Compte tenu du nouveau cadre imposé par les ordonnances sur le droit du travail.
Avec les nombreux coups reçus, depuis la loi travail jusqu'aux ordonnances Macron, l'objectif était surtout de relancer les actions et la mobilisation du collectif", déclare Eric Beynel, porte-parole de l'Union syndicale Solidaires, à propos de la seconde édition des Etats généraux de la santé des travailleuses et travailleurs. Une rencontre organisée en mai dernier par le collectif Pour ne plus perdre sa vie à la gagner, structure inédite qui réunit des syndicalistes, notamment de Solidaires et de la CGT, des experts agréés intervenant auprès des CHSCT et comités sociaux et économiques (CSE), des chercheurs universitaires, des médecins et inspecteurs du travail, des avocats, ou encore des associations (Fnath, Association nationale de défense des victimes de l'amiante, Association Henri Pézerat, Ban Asbestos...)
"C'est une force que l'on ne retrouve nulle part ailleurs, a souligné au cours de ces Etats généraux Gérald Le Corre, inspecteur du travail syndiqué à la CGT. Nous devons continuer à réfléchir collectivement et trouver des solutions pour défendre la santé au travail." Des ateliers portant sur les risques liés à l'amiante et aux pesticides, ou encore sur les restructurations et l'intensification du travail, ont permis aux participants d'échanger et de réfléchir à plusieurs pistes d'action.
Partager les expertises
S'agissant du risque lié à l'amiante, des initiatives ont été envisagées : journée d'information pour les salariés et les parents d'élèves des établissements scolaires concernés, campagne d'information sur les diagnostics techniques amiante, mise à disposition publique de ces diagnostics... Les participants à l'atelier sur les restructurations et l'intensification du travail ont de leur côté proposé de rendre publiques les expertises CHSCT, afin qu'elles puissent servir de ressources de prévention pour d'autres entreprises. Plusieurs acteurs, invoquant un danger grave et imminent, ont insisté sur la nécessité de continuer à demander des expertises afin d'éviter leur financement sur le budget des CSE.
"La collecte des ressources utiles et les campagnes sur les risques, avec des outils pratiques pour les acteurs, sont des enjeux importants pour l'action", a affirmé Séverin Muller, chercheur en sociologie à l'université de Lille. Dans cette optique, les animateurs du collectif vont se réunir début juillet afin de décider des actions concrètes à mettre en place à la suite des Etats généraux. La première édition, organisée en mars 2016, avait débouché sur la création d'un site Internet proposant des ressources pour les acteurs, le lancement d'une campagne de mobilisation et d'une pétition pour défendre la santé au travail, ou encore la mise en place d'une permanence "conditions de travail et santé" à la bourse du travail de Paris.
"Susciter des échanges entre salariés"
Cette permanence, animée par des médecins du travail, des professionnels du droit et des syndicalistes, accueille deux fois par mois des travailleuses et travailleurs de tous statuts, confrontés à des atteintes à leur santé du fait de leur activité. "L'affluence est variable, et les moyens sont limités pour faire connaître cette expérience, a commenté Marie Pascual, médecin du travail à la retraite. Nous avons encore beaucoup de problématiques individuelles, mais nous envisageons des rencontres collectives pour susciter des échanges entre salariés." Les animateurs envisagent également d'accueillir à la permanence des représentants d'institutions représentatives du personnel, afin de poursuivre une réflexion collective sur les moyens de... ne plus perdre sa vie à la gagner.
Le site neplusperdresaviealagagner.org, du collectif éponyme, rassemble des documents sur la 1re édition des Etats généraux de la santé des travailleuses et travailleurs.