Journée mondiale pour le travail décent
A l'appel de la Confédération syndicale internationale, des militants de tous les pays se sont mobilisés le 7 octobre dernier en faveur du "travail décent".
Plus de 600 actions dans 129 pays, menées par environ 300 organisations de travailleurs. Tel est le bilan quantitatif de la Journée mondiale pour le travail décent qui s'est déroulée le 7 octobre dernier sous l'égide de la Confédération syndicale internationale (CSI). Celle-ci qualifie de "fructueuse" cette initiative visant à favoriser une action commune des syndicats des cinq continents contre les méfaits de la mondialisation. Manifestations, tables rondes, grèves, concerts... ont émaillé la première édition d'une journée organisée autour d'un thème dont le concept et le programme ont été lancés en 1999 par l'Organisation internationale du travail (OIT). Il s'agit d'assurer à chaque femme et chaque homme la possibilité d'"accéder à un travail productif dans des conditions de liberté, d'équité, de sécurité et de dignité". Sont notamment revendiquées une rémunération convenable, la sécurité au travail, la protection sociale, la liberté d'organisation, l'égalité des chances...
Esclavage. On est globalement loin du compte ! Kristin Blum, de la CSI, dénombre à travers le monde 12,4 millions d'hommes et de femmes pratiquement réduits en esclavage, 200 millions d'enfants de moins de 15 ans au travail, 2,2 millions de décès dus chaque année à des accidents et maladies professionnels. Sans parler de la précarité de l'emploi, de l'absence de protection sociale, des salaires inférieurs à 2 dollars par jour... Le tout dans un contexte de chasse aux syndicalistes dans des pays ayant ou non signé les conventions internationales de l'OIT.
Les pays du Tiers-Monde détiennent la palme de ces conditions de travail déplorables. Mais ce sont des multinationales, adeptes des "codes de bonne conduite" et autres "chartes de responsabilité sociale", qui les imposent dans des pays sans contre-pouvoir syndical. "De grandes marques textiles ou de chaussures créent des conditions de travail intenables à une main-d'oeuvre perçue comme renouvelable", dénonce Laurent Vogel, directeur du département santé et sécurité de l'Institut syndical européen. Tout juste revenu d'un congrès "Femmes, santé, travail" au Mexique, il cite l'exemple d'une usine du Honduras où, à moins de 30 ans, les ouvrières souffrent de neuf pathologies différentes, avec une usure très rapide de la santé physique et mentale. L'organisation de femmes et les médecins extérieurs qui les suivent ont fait un constat terrible : pour les faire tenir 50 heures par semaine et remplir les objectifs de production, les services médicaux distribuent stimulants et anti-inflammatoires. Plus généralement, précise Laurent Vogel, les usines de montage des pays en développement n'ont aucune politique de prévention des troubles musculo-squelettiques, psychosomatiques, ou encore liés au bruit.
Face à de telles conditions de travail, celles rencontrées en Europe apparaîtraient presque acceptables. Mais pas pour tous ! A la manifestation de Paris, deux groupes de travailleurs sans papiers dénonçaient leur situation : non déclarés, payés en dessous du salaire minimum, sans couverture sociale...