L'atypique est devenu banal
"On appelle "atypiques" des horaires qui ne le sont plus", constate Sophie Prunier-Poulmaire, maître de conférences en ergonomie à l'université Paris-Ouest Nanterre. Aujourd'hui, seuls 37 % des salariés français travaillent en horaires diurnes, réguliers. L'atypique est devenu banal. Les horaires décalés se pratiquent dans de nombreuses branches professionnelles, toutes féminisées - grande distribution, hôpitaux et structures paramédicales, centres d'appels - ou s'ouvrant depuis peu aux femmes : douanes, police, conducteurs de bus ou chauffeurs routiers. "J'ai rencontré une opératrice de centre d'appels obligée de passer dix-huit coups de fil pour gérer dans l'urgence la garde de son enfant !", raconte l'enseignante en ergonomie, précisant que le cumul de la flexibilité des horaires avec leur imprévisibilité est terrible pour les mères de famille. C'est le même phénomène dans la grande distribution, où les horaires varient d'un jour à l'autre, où aucune semaine ne ressemble à la précédente. Avec des coupures souvent longues dans la journée, comme pour les conductrices de bus, au cours desquelles les salariées ne peuvent pas rentrer chez elles, coincées au travail du fait de l'éloignement de leur domicile.