L'Ecureuil n'épargne pas ses salariés
Le tribunal de grande instance (TGI) de Lyon a interdit le 4 septembre à la Caisse d'épargne Rhône-Alpes Sud (Cera) d'avoir une organisation du travail basée sur le benchmark, c'est-à-dire la mise en concurrence permanente des salariés, qui porte "gravement atteinte" à leur santé. La Cera a fait appel de la décision. Les juges ont également condamné la banque à verser 10 000 euros de dommages et intérêts au syndicat Sud-BPCE, qui avait saisi la justice en mars 2011. Ce dernier s'est félicité de cette décision, qui s'impose aussi, selon lui, aux autres Caisses d'épargne sur le territoire et, au-delà, peut inciter d'autres salariés à engager des recours. Fin 2007, la direction de la Cera avait mis en place ce système de gestion des performances des salariés, consistant en une évaluation permanente des uns par rapport aux autres au sein de chaque agence ainsi que des agences entre elles. La part variable de la rémunération de chaque salarié dépend directement du résultat du benchmark, puisqu'elle est fonction des résultats de son agence.
"L'effet provoqué est redoutable et terrifiant, ont plaidé les avocats de Sud. Nul ne sait, à l'issue d'une journée, s'il a ou non correctement travaillé, puisque la qualité de son travail dépend avant tout du résultat des autres." Un tel système implique "des conséquences sur les relations sociales au sein de l'entreprise", a considéré le TGI dans son jugement. "Atteinte à la dignité, sentiment de honte, culpabilisation permanente, multiplication des troubles physiques et mentaux" : le syndicat estime que les conséquences sont lourdes pour les salariés. Face à "la dégradation constante de la santé des employés", la médecine et l'Inspection du travail avaient alerté la direction de l'entreprise. La seule réponse de celle-ci fut de mettre en place un "observatoire des risques psychosociaux" et un numéro Vert pour que les salariés puissent confier leurs difficultés...