L’emploi se dévalorise au féminin
Plus un emploi se féminise, plus il tend à se dégrader. Si on devait le résumer, tel est le constat désolé auquel est parvenu l’Institut syndical européen (Etui) au terme d’une étude (en anglais) intitulée Qu’est-ce qu’un métier féminin ? Cartographier la contribution de la féminisation aux écarts entre les sexes en Europe. Désolation car, selon les résultats de ce document dévoilés en mars dernier, « il existe une relation négative entre la part des femmes occupant un emploi et la qualité globale de cet emploi […] pour les hommes comme pour les femmes ». Autrement dit, la nature de l’emploi est de nature à se dévaluer en termes de rémunération, de responsabilités, de supervision et de durée horaires des contrats selon qu’il est ou non davantage occupé par des femmes.
Pour les auteurs de l’étude, il n’est pas inutile de rappeler que les femmes gagnent 13 % de moins en salaire que les hommes dans l’Union Européenne, et sont désavantagées en termes de qualité de l’emploi et d’accès aux postes d’encadrement. Mais ce constat, selon lequel la féminisation des emplois amène au fil du temps des salaires plus bas et conditions de travail plus mauvaises, souligne une autre urgence, celle d’« envisager l’égalité des sexes de manière plus large en se concentrant non seulement sur les différences salariales entre hommes et femmes pour un même travail, mais aussi sur ces processus qui conduisent à ce que les “ emplois féminins ” soient moins bien rémunérés ».