L’hôpital à bout de souffle en images
C’est un documentaire poignant diffusé sur France 5, mardi 10 novembre, dans l’émission proposée par Marina Carrère d’Encausse, Le monde en face, pour comprendre comment l’hôpital, pourtant mal en point, a fait face à la première vague de l’épidémie. Les deux réalisateurs de Quand l’hôpital retient son souffle, Isabelle Wekstein et Olivier Taïeb, ont posé leur caméra au cœur du service de pneumologie, médecine intensive et réanimation de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. En immersion pendant plusieurs semaines, ils ont saisi l’activité intense des soignants. Des images fortes, bouleversantes parfois, qui permettent de bien mesurer la coopération entre les équipes de soins où chacun, quel que soit son niveau, va jouer un rôle essentiel, mais avec tous les autres. On y voit aussi les conditions de travail harassantes, la pression, et la mort qui rode, jamais très loin.
Le débat qui a suivi la projection du film est également disponible en replay. Le Pr Alexandre Demoule, chef du service de réanimation de la Pitié où le documentaire a été tourné, y tient des propos graves : « Là où ça pêche, il faut être honnête, c’est le personnel. Derrière ces machines, il y a des gens hyper qualifiés, il y a un savoir… mais on n’en a pas beaucoup. On avait trois ou quatre mois [entre les deux vagues de l’épidémie, NDLR] pour former des infirmiers à la réanimation ; ça n’a pas été fait. Le gouvernement n’a pas donné l’impulsion pour cela et maintenant, ce sont les hôpitaux qui se débrouillent tout seuls… C’est désespérant. » Surtout, comme le précise ce praticien, les infirmiers peu formés à la prise en charge de patients en réanimation, « sont ceux qui vont développer plus de stress post-traumatique ». « Pour moi, il y a une faute », conclut-il.