"Limiter le recours au travail de nuit"

par Gérard Lasfargues professeur en médecine du travail, directeur général adjoint scientifique de l'Anses / juillet 2016

"Cette expertise de l'Anses est novatrice, car elle porte sur un risque de nature plutôt organisationnelle. Elle a réuni un groupe de travail intégrant des chercheurs en sciences humaines et sociales. C'était indispensable pour aborder les réalités du travail et les effets sur la vie sociale et familiale. Et pour comprendre comment les risques peuvent être modulés par les conditions de travail. Le rapport analyse des pratiques de prévention en termes de systèmes horaires a priori favorables pour les rythmes biologiques et qui sont à même de nourrir la discussion dans les instances appropriées. L'Anses propose des pistes susceptibles de minimiser les effets délétères du travail de nuit. Elle met aussi en avant l'action sur le contenu du travail, et celle sur les parcours professionnels. Mais la première chose est, conformément à la réglementation, de limiter le recours au travail de nuit aux situations d'utilité sociale ou de nécessité de continuité de l'activité économique, en sachant que cette dernière notion n'est pas définie et que l'absence de données sur le coût social du travail de nuit rend très difficile l'évaluation des impacts sanitaires et du rapport coûts/bénéfices de ces situations."