L'INRS en campagne contre les risques psychosociaux
"En parler pour en sortir", tel est le slogan retenu par l'Institut national de recherche et de sécurité pour les affiches de sa campagne de prévention des risques psychosociaux. La cible : les salariés et l'encadrement de proximité.
Selon l'enquête nationale Conditions de travail1 , plus d'un salarié sur trois s'estimait sous la pression d'au moins trois contraintes de rythme de travail en 2013, contre 6 % en 1984. Le fait que cette intensification du travail participe à l'essor des risques psychosociaux (RPS) n'est plus à démontrer. En revanche, l'expression et l'écoute des "victimes" restent délicates à mettre en oeuvre. C'est donc aux salariés et managers de proximité que l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a choisi de s'adresser, dans une campagne de prévention des RPS qui a débuté en juin.
Celle-ci comprend des affiches, un dépliant et un guide de conseils destinés aux managers. La démarche se veut avant tout "pratico-pratique", comme le souligne Valérie Langevin, experte en assistance-conseil à l'INRS. "Jusqu'à présent, précise-t-elle, nous avons fourni aux chefs d'entreprise, préventeurs et CHSCT, nos interlocuteurs habituels, des aides méthodologiques à l'évaluation des risques et à la mise en oeuvre d'une démarche de prévention." Il s'agit cette fois d'"aller au plus près des préoccupations quotidiennes des managers et des salariés", complète sa collègue médecin, la Dre Marie-Anne Gautier, qui a copiloté le projet.
Cette nouvelle démarche est censée répondre aux nombreuses sollicitations de l'INRS sur la question des RPS, en lien parfois avec l'actualité, comme récemment à la suite du débat sur le burn-out. "Il est nécessaire de pouvoir parler des RPS, un risque au même titre que les autres, mais qu'il ne faut surtout pas banaliser", insiste la Dre Gautier. La tonalité de cette campagne se veut néanmoins "positive" et souhaite éviter toute dramatisation. "En parler pour en sortir", le slogan décliné sur plusieurs affiches qui seront diffusées dans les entreprises, vise d'abord à libérer la parole et à inciter les salariés concernés à sortir de l'isolement et de l'enfermement.
Tordre le cou aux idées reçues
La campagne rappelle que les RPS peuvent être à l'origine de problèmes de santé et que leur prévention doit porter sur l'organisation du travail. Son objectif est aussi de tordre le cou à toute une série d'idées reçues : "un peu de stress, c'est motivant", "le stress, ça fait partie du métier", "ne pas en parler évite les problèmes", "c'est toujours la faute du manager"... En complément, un dépliant, déposé dans les consultations de médecine du travail et les caisses régionales d'assurance retraite et de santé au travail (Carsat), fournit des informations relatives aux premières démarches et aux services et personnes ressources à consulter en cas de difficulté. Enfin, un guide, sous la forme d'une brochure de 30 pages, apporte des conseils sur la façon d'appréhender les situations qui peuvent affecter la vie d'un service ou de l'entreprise.
Ce dernier document s'appuie sur la typologie des facteurs de risques psychosociaux établie en 2011 par le collège d'expertise réuni sur le sujet et présidé par Michel Gollac, mais aussi sur des situations réelles vécues par l'encadrement intermédiaire. "Nous avons cherché à éviter les discours théoriques et conceptuels pour aborder les situations pratiques et fournir des clés de compréhension", explique Marie-Anne Gautier. Cette campagne de prévention devrait aussi avoir prochainement des prolongements numériques, via le site de l'INRS et les réseaux sociaux.
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"Conditions de travail. Reprise de l'intensification du travail chez les salariés", par Elisabeth Algava et alii, Dares Analyses n° 49, juillet 2014.