L’organisation du travail pèse sur les gestes barrières
Les mesures de prévention préconisées pendant l’épidémie de Covid en milieu professionnel (port du masque, distanciation physique, lavage des mains, etc.) n’ont pas été adoptées par tous les salariés de la même manière, relève une étude de la Dares, publiée en juin. Et pour cause : l’organisation du travail ne leur a pas toujours permis de les appliquer. Certains facteurs, comme le bruit, l’intensité du travail, le manque d’autonomie ou les tensions avec le public, ont freiné le respect des gestes barrières, tandis que d’autres l’ont favorisé, comme le soutien hiérarchique ou la consultation des salariés lors de la mise en place des mesures de prévention.
La publication va plus loin dans l’analyse en distinguant six classes de travailleurs. La première est celle des « non concernés », soit 1 % des salariés qui œuvrent seuls et en plein air (agriculteurs, bucherons, salariés de particuliers…). La catégorie des « moins protégés » représente pour sa part 10 % des travailleurs (ouvriers non qualifiés dans le gros œuvre du BTP et des travaux publics ou assistantes maternelles). La classe des « empêchés » porte le masque, mais ses 32 % de salariés sont souvent gênés pour travailler correctement. Les femmes y sont surreprésentées, de même que les enseignants, aides-soignants, infirmiers… Pour ce groupe, comme pour celui des « moins protégés », « le bruit est un frein à la distanciation », indique l’étude : se faire entendre suppose de parler fort, de crier et de se rapprocher.
Les 5 % de salariés qui composent la classe des « plexiglas » ont également des difficultés à mettre en œuvre la distanciation. Les femmes y sont majoritaires, de même que les métiers de la vente et les emplois administratifs de la fonction publique. Ici, comme pour les « empêchés », le contact et les tensions avec le public ne favorisent pas non plus le maintien de la distanciation physique.