Maladies en lien avec le travail : l’Anses préconise la création de nouveaux tableaux

par Joëlle Maraschin / 16 décembre 2024

Dans un rapport d’expertise publié le 12 décembre dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) souligne d’emblée l’ampleur de la sous-reconnaissance des maladies professionnelles (MP), en raison notamment de tableaux des MP obsolescents et lacunaires au regard de l’évolution des connaissances scientifiques et médicales.  
L’agence identifie « une quarantaine de maladies ayant un lien avéré ou probable avec une exposition professionnelle ne faisant pas l’objet d’un tableau de maladie professionnelle». Ce sont des pathologies cancéreuses pour plus de la moitié : 25 sites de cancers différents ont été identifiés comme étant liés, avec un niveau de preuves avéré, à 33 cancérogènes professionnels, et ce en l’absence d’un tableau. Sont aussi concernées d’autres pathologies d’origine professionnelle : les pathologies cardiovasculaires et le travail de nuit ou les longues de heures de travail, les maladies psychiques liées aux facteurs psychosociaux, les troubles cognitifs et l’exposition aux pesticides, l’asthme provoqué par des moisissures ou l’humidité sur le lieu de travail…
L’Anses plaide pour ce recensement de maladies en lien avec le travail dans les travaux des commissions spécialisées « afin d’engager le cas échéant des travaux d’expertise pouvant aboutir à la création de nouveaux tableaux de maladies professionnelles ».

Des tableaux obsolètes

De plus, l’Anses signale qu’un bon nombre de tableaux de MP existants ne sont plus à jour, ce qui génère des difficultés de reconnaissance pour les salariés victimes. Sont pointés des modalités dépassées de diagnostics médicaux, des délais de prise en charge trop courts, notamment pour les cancers, des listes incomplètes de travaux susceptibles de provoquer ces maladies ou encore l’absence de prise en compte des poly-expositions.
Sachant que toute révision des tableaux repose sur une décision de l’État après avis des commissions de maladies professionnelles, plusieurs mesures sont proposées pour guider les réflexions : nom de la maladie sans détailler les modalités de diagnostic, délais de prise en charge adaptés aux temps d’apparition des maladies (délai de 50 ans pour les cancers solides), listes de travaux non limitatives mais indicatives pour inclure l’ensemble des situations.