Malaise à l'hôpital : la potion de Marisol Touraine
Interpellée depuis des mois sur la dégradation des conditions de travail à l'hôpital, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a dévoilé le 5 décembre une "stratégie nationale d'amélioration de la qualité de vie au travail" pour les personnels soignants. Un plan très attendu. Promis en septembre, après le suicide de cinq infirmiers cet été, il devait aussi répondre à la colère des milliers d'infirmières et aides-soignantes descendues dans la rue en novembre.
Première mesure : 30 millions d'euros sur trois ans seront consacrés au déploiement, dans chaque groupement hospitalier de territoire (GHT), de services de santé au travail, intégrant psychologues, conseillers en prévention des risques professionnels et assistantes sociales. Ont aussi été annoncées la diffusion d'un guide sur les risques psychosociaux, la création d'un observatoire de la qualité de vie au travail et la nomination d'un médiateur national pour traiter les situations conflictuelles non résolues localement. Trop rarement recensés selon les syndicats, les suicides et les tentatives devront désormais être signalés "afin d'analyser leur cause". "Une négociation sur les contraintes particulières" rencontrées par les soignants à l'hôpital, tel le travail de nuit, sera également lancée.
Les syndicats ne cachent pas leur déception. Pour Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI), le "bilan est mitigé" : "On s'interroge sur la cohérence du projet et les moyens qui seront donnés aux établissements, où la priorité reste aux objectifs financiers." Son organisation n'exclut pas "une nouvelle mobilisation", tout comme l'intersyndicale CGT-FO-Sud, qui a refusé d'assister à la présentation du plan. La secrétaire générale de la fédération Santé de la CGT, Mireille Stivala, "émet un sérieux doute sur la faisabilité" du plan à l'approche de la présidentielle.