Le malaise des soignants au plus haut
La souffrance au travail des professionnels de santé semble atteindre un seuil maximal. En témoigne une consultation menée auprès de 1 877 soignants à l’initiative du collectif Santé en danger, en lien avec l’association Soins aux professionnels de la santé (SPS).
Selon cette enquête menée en ligne, 97 % des professionnels du privé comme du public font état d’une augmentation de leur souffrance depuis qu'ils ont commencé à exercer. Au point que 74 % ont déjà eu l’idée d’abandonner leur carrière et 67 % celle de se reconvertir. Pire, près de 47 % d’entre eux déclarent ressentir une envie de « pleurer sans pouvoir s’arrêter ». Il faut dire que 55 % des sondés se sont déjà sentis en difficulté sur leur lieu de travail, dont 33 % très fortement. Sentiment exacerbé par la crise du Covid-19 puisque près de 74 % des professionnels de santé interrogés estiment qu’elle a dégradé leurs conditions de travail.
Parmi les difficultés évoquées : le manque de reconnaissance pour 80 % des témoignages ; les carences de personnel (71 %) ; l’augmentation des cadences (59 %) ; les ingérences liées au management (54 %), voire le harcèlement moral (30 %). De fait, près de 40 % des répondants ont consulté un professionnel, que ce soit un médecin généraliste (48 %), un psychologue (26 %) ou un psychiatre (11 %). Avec parfois à la clef une prescription de médicaments (34 %) et un arrêt de travail (38 %).
« En attendant une prise de conscience collective des pouvoirs publics, en particulier de la part du ministère des Solidarités et de la Santé, le collectif Santé en Danger va exiger un audit au sein de tous les établissements de santé sur le sujet de la souffrance au travail », a annoncé un de ses membres, Thomas Brosset, chirurgien à Cavaillon.