Un manifeste d'anti-management
Animal monstrueux, le poisson-lune grandit tout au long de sa vie et peut peser plus d'une tonne. Dans son livre, intitulé Le syndrome du poisson-lune. Un manifeste d'anti-management1 , Emmanuel Druon a choisi cette image pour critiquer la soif éperdue de croissance, qu'il qualifie de "folie furieuse collective". "Quel est le prix à payer pour cette fable, sinon l'épuisement des ressources et des personnes ?", s'interroge-t-il.
Son récit débute par la fermeture d'une papeterie rentable et pluricentenaire à Docelles (Vosges), laissant 165 salariés sur le carreau au prétexte que la multinationale dont elle fait partie a changé de stratégie. Au fil de ses réminiscences émerge une critique acerbe des effets de la financiarisation des entreprises. Celle-ci provoque une crise du système productif, des dégâts sur la santé et un découragement généralisé. Emmanuel Druon dénonce "les effets du management par la terreur".
Face à la violence de ce "modèle schumpétérien de destruction créatrice il estime qu'il faut faire évoluer le système. Sa proposition "écolonomique" privilégie la "douceur" : préserver l'harmonie, le respect et l'estime de l'autre, permettre la compréhension profonde des raisons d'un conflit. Quand, en 1997, il prend les rênes de Pocheco, il décide d'en faire un lieu d'expérimentation pour ce nouveau modèle. L'ambition est de donner aux salariés la possibilité de faire un travail dont la valeur ajoutée ne soit pas uniquement financière, en visant "la réduction des inégalités sociales et salariales" et "une intégration dans l'environnement" optimale.
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Coédition Colibris-Actes Sud, 2015.