Une méthode basée sur des confrontations
La méthode décrite dans Le prix du travail bien fait se base sur « une clinique de l’activité animée par une passion ancienne pour l’ergonomie », résume Yves Clot.
Les auteurs du livre se sont d’abord immergés dans le quotidien des éboueurs de Lille, des ouvriers de Renault Flins, des professionnelles d’un Ehpad de Normandie. Au fil des mois, ces intervenants ont « fabriqué » avec les salariés volontaires des vidéos sur leurs activités communes. Chacun commente la sienne dans un petit montage mis au point ensemble : c’est l’« auto-confrontation simple ». Elle est suivie de l’« auto-confrontation croisée » : un autre montage qui met en évidence les différences dans la réalisation d’une même tâche par deux professionnels et qui provoque des « débats d’écoles ». Par exemple, deux éboueurs s’expliquent à propos des morsures de rats lorsqu’ils arriment les containers au camion ; ils ont chacun leur façon de faire pour les éviter mais aucune n’est concluante pour la sécurité ou la santé. Il faut inventer autre chose…
Ces images révèlent surtout l’aptitude des salariés à changer de point de vue dans le dialogue. Montrées aux dirigeants, elles poussent ces derniers à manifester une capacité réciproque de changement. En tout cas, une prise de conscience s’opère : les travailleurs faisant preuve de créativité, le sommet de l’organisation doit attester de la même capacité d’initiative. Voilà qui ouvre la voie aux transformations possibles. Sentinelles de la qualité du travail, les référents métiers, élus par leurs pairs, listent les problèmes, instruisent les solutions collectives et les valident auprès de leurs collègues.