Ministère du Travail : six mois de perdus
Brice Hortefeux n'aura fait qu'un passage éclair au ministère du Travail et guère eu le loisir d'y imprimer sa marque. Lors de l'installation du Coct, il n'était visiblement pas dans son milieu. Ne pas serrer les mains des partenaires sociaux en arrivant, quitter la " salle des accords " sans avoir pris la peine d'écouter leurs réponses à son discours constituent des fausses notes. Ses prédécesseurs, Gérard Larcher et Xavier Bertrand, savaient mieux s'y prendre. Certains de ses interlocuteurs se demandent même s'il s'était réellement investi sur ses dossiers, ou s'il n'avait pas déjà l'assurance de ne faire qu'une courte halte rue de Grenelle avant de rejoindre la place Beauvau tant désirée. Si tel était le cas, cela ferait de ce ministère une simple zone de délestage, ce qui paraît contradictoire avec l'importance donnée à la question sociale par le président de la République lors de sa récente allocution à l'Organisation internationale du Travail (OIT).
Toujours est-il que six mois ont été perdus.
Sur la santé au travail, le seul fait d'armes de M. Hortefeux restera l'annonce d'un second plan. Mais il laisse le soin à son successeur, Xavier Darcos, de remplir la copie. Tout juste aura-t-il un peu secoué l'establishment en annonçant qu'il fallait faire sur la prévention des risques professionnels le même effort que celui réalisé dans le domaine de la prévention routière. Cela provoqua quelques frémissements sur les bancs patronaux, qui craignirent un instant de voir débarquer des cohortes entières d'inspecteurs du travail armés de carnets à souches pour les verbaliser à tout-va !
Quant au dossier chaud de la pénibilité, en annonçant que la retraite à 67 ans n'était pas un sujet tabou, il ne facilite pas la tâche de l'ancien ministre de l'Education nationale.