La montagne accouche d'une souris

par Céleste Duchamp / avril 2008

Presque six ans se sont écoulés entre la création, en janvier 2002, de l'arrêt temporaire d'activité et le décret qui en permet l'application ! Soixante-huit mois d'une laborieuse gestation pour aboutir à un résultat qui suscite incompréhension et colère. Soixante-huit mois pour mettre en place un dispositif qui s'applique à seulement quatre agents cancérogènes et dont la mise en oeuvre d'une rare lourdeur (un mesurage, puis une mise en demeure, puis une autre mise en demeure, puis un nouveau mesurage...) va laisser des salariés exposés à un risque mortel pendant des semaines, voire des mois.

Pourtant, on connaît les effets des agents cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction. Et on sait que, au-delà de la catastrophe sanitaire due à l'amiante, des milliers de cancers sont la conséquence d'une exposition professionnelle.

En attendant l'interdiction des produits, il était nécessaire et attendu que l'Inspection du travail puisse soustraire immédiatement les salariés à des situations de risque grave, comme elle le fait souvent sur les chantiers du bâtiment. Le ministère n'a pas osé aller jusque-là.