Nicolas Sandret : "Une démarche techniciste"

par Nicolas Sandret ancien médecin-inspecteur du travail / octobre 2018

"Le projet s'inscrit dans la continuité des réformes précédentes. Les médecins du travail y sont plus encore cantonnés à l'examen de salariés en difficulté pour raison de santé ou exposés à des risques identifiés. Ils perdent petit à petit la connaissance de l'entreprise, laquelle se construit à travers les examens individuels. Le fait qu'un examen clinique, qui permet de repérer les risques avant leur émergence, relève de la prévention primaire est occulté. Comme le fait que l'intervention dans une entreprise soit une construction dans la durée, nourrie de la connaissance du terrain et d'une relation de confiance. Cela ne correspond pas à l'action au coup par coup d'un guichet unique. C'est une démarche techniciste, une négation de toute la pensée sur le rapport entre santé et travail, telle qu'elle s'est développée avec la psychodynamique du travail. On glisse d'un système d'évaluation des risques du côté de la santé des salariés vers une prestation de services du côté de l'employeur, supposé de bonne volonté. Il y a une dépolitisation de la santé au travail."