Opacité des plateformes numériques
Le numéro de juillet des Notes de la MAR, publié sur le site de la Dares, le service statistique du ministère du Travail, synthétise le colloque scientifique qui s’est tenu le 4 octobre dernier sur le « travail de plateforme », en partenariat avec la Drees, le service statistique du ministère de la Santé. L’un des objectifs de cette rencontre pluridisciplinaire était d’amener une réflexion sur de nouveaux dispositifs de protection sociale permettant d’assurer une meilleure couverture des risques pour les travailleurs de ces structures.
Le principal problème, souligne le document, est que les plateformes constituent « un monde hétérogène en recomposition continue ». De fait, il est difficile de définir uniformément leur activité, de même que leur modèle économique et entrepreneurial. Autre tâche ardue : cerner le nombre de personnes à leur service et les catégories d’emploi qu’elles recouvrent. Néanmoins, le trait commun à ces plateformes, qui ne sont pas l’apanage des seuls groupes capitalistes, est qu’elles se fondent sur une économie de la demande où prime la concurrence. Or, à cause de la façon dont l’offre et la demande sont organisées, la frontière entre salariat et travail indépendant est devenue floue, sacrifiant le droit du travail et la protection sociale.
Dépendants des consommateurs et de logarithmes prétendument neutres, les travailleurs des plateformes sont en effet individualisés. De surcroît, ils sont régulièrement exposés à des conditions de travail discriminantes, précaires et inégalitaires. Si une grande autonomie dans l’activité est certes permise par les formes d’organisation de ces structures, celle-ci « va de pair avec une responsabilisation et un transfert des risques sur le travailleur ». Puisqu’il n’est pas salarié, ce dernier doit forcément « assumer le risque économique lié à l’exécution de la prestation, mais aussi le financement de sa protection sociale ».