Pénibilité, un plan de prévention pour l'agroalimentaire
Le ministre délégué en charge de l'Agroalimentaire veut un plan d'action national pour améliorer les conditions de travail dans la filière, particulièrement difficiles. Une initiative plutôt saluée par les partenaires sociaux.
Comment améliorer les conditions de travail dans la filière alimentaire ? C'est une question à laquelle ambitionne de répondre le plan d'action national décidé par le ministre délégué en charge de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot. Quatre groupes de travail sont déjà en place, sur différentes thématiques : "environnement physique de travail et santé des travailleurs", "dialogue professionnel dans l'entreprise", "conception des organisations et des systèmes de travail", "enseignement et formation à la qualité de vie au travail". Outre les fédérations patronales et syndicales, ces groupes de travail accueillent des entreprises et des acteurs de prévention, dont la Mutualité sociale agricole (MSA). Pour le ministre, ce plan poursuit trois objectifs : le bien-être des salariés, la performance sociale vue comme condition essentielle à la performance économique et un renforcement de l'attractivité du secteur. Celui-ci compte quelque 12 000 entreprises et 500 000 salariés, mais la pénibilité de plusieurs métiers ternit son image.
"Les maladies professionnelles, notamment les troubles musculo-squelettiques dans la transformation de la viande, le froid, les horaires compliqués dans la grande distribution... doivent être pris en compte, mais aussi la nécessité d'associer les salariés à l'organisation du travail", insiste Alexandre Godin, chef de cabinet au ministère. "Une vingtaine d'entreprises sont déjà actives sur le sujet", ajoute-t-il. Ainsi, le groupe Sofiprotéol (8 000 salariés) communique sur sa politique d'amélioration des conditions de travail et de prévention des risques, en affichant une baisse de 32 % des accidents du travail entre 2012 et 2013. Le résultat d'une bonne coopération entre la direction, les représentants du personnel et le médecin du travail, selon Philippe Lamblin, DRH de Sofiprotéol. Il participe au groupe de travail "environnement physique de travail et santé des travailleurs" et en attend "des échanges sur les bonnes pratiques, des témoignages, un programme expérimental pour creuser des pistes"
"Avancer sans stigmatiser"
Edwina Lamoureux, secrétaire nationale de la FGA-CFDT, préside ce groupe de travail et souligne que ses participants "veulent avancer sans stigmatiser". Elle témoigne d'un "consensus sur la nécessité du dialogue social et de l'implantation des instances représentatives du personnel". Son syndicat, présent dans les quatre groupes de travail, escompte des actions concrètes, "notamment en termes d'organisation du travail, de lieux d'expression des salariés, de conciliation des temps professionnel et personnel". De son côté, la FGTA-FO, également présente dans les quatre groupes, aurait préféré un accord plutôt qu'un plan d'action. "La qualité de vie au travail, c'est un peu fourre-tout et je crains que la montagne n'accouche d'une souris", souffle Christian Crétier, un de ses secrétaires fédéraux.
Pour d'autres participants, tels que Magalie Cayon, responsable du département risques professionnels à la MSA, ce plan d'action répond à une démarche partagée. La MSA accompagne déjà des directions et CHSCT pour trouver des solutions de prévention. A l'image des 17 branches qui ont signé un contrat de prévention avec elle. Selon Magalie Cayon, les directions des entreprises doivent intégrer l'amélioration des conditions de travail dans leur politique de développement, "tout comme la productivité ou la qualité". Elle rappelle que l'amélioration de la qualité de vie au travail fait partie du contrat de filière dont s'est doté le secteur agroalimentaire en 2013.