Une pensée suicidaire sur trois est due au travail
En 2017, 3,8 % des Français en situation d'emploi ont avoué avoir songé au suicide dans les douze derniers mois, plus précisément 4,5 % des femmes et 3,1 % des hommes. Dans plus d'un tiers des cas, le monde du travail a directement généré ces pensées suicidaires, occasionnées d'abord par la peur de perdre son emploi, puis par des menaces verbales, humiliations et intimidations sur le lieu de travail. C'est ce que révèle une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France1
Pour parvenir à ces constats, l'institut Ipsos-Observer a interrogé 14 536 sujets âgés de 18 à 75 ans. L'analyse des données collectées laisse apparaître que l'idée du suicide est commune à toutes les tranches d'âge, avec des taux plus marqués chez les 45-54 ans, puis les 35-44 ans. Les travailleurs à leur compte sont plus nombreux à avoir de telles pensées (4,32 %) que les salariés (2,85 %), mais aucune catégorie socioprofessionnelle n'est significativement plus représentée.
En distinguant les genres, certaines prévalences sont en revanche notables : 5,13 % des ouvrières et 4,84 % des employées ont rapporté avoir eu des pensées suicidaires, contre 3,91 % des femmes cadres. Chez les hommes, les artisans, commerçants et chefs d'entreprise sont les plus concernés (3,56 %), suivis des agriculteurs exploitants (3,49 %) et des ouvriers (3,01 %), alors que le taux des cadres s'élève à 2,62 %.
Côté secteurs, les plus touchés sont l'hébergement et la restauration (6,8 % pour les hommes comme pour les femmes), les arts et les spectacles (6,3 % pour les hommes et 7,5 % pour les femmes), l'enseignement (5 % et 7,5 %), la santé humaine et l'action sociale (4,5 % pour les hommes), l'information et la communication (6,8 % pour les femmes). Enfin, les salariés percevant moins de 1 500 euros mensuels sont presque deux fois plus exposés aux pensées autodestructrices que ceux qui gagnent plus.
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"Pensées suicidaires dans la population active occupée en France en 2017", par P. Delézire, V. Gigonzac et al., BEH n° 3-4, 5 février 2019.