Perturbateurs endocriniens : attention aux mélanges !
Connus pour leurs effets néfastes sur la fertilité humaine, les perturbateurs endocriniens (pesticides, phtalates...) sont soupçonnés d'avoir d'autres effets nocifs sur la santé, comme l'ont souligné plusieurs chercheurs, lors d'un colloque organisé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) les 21 et 22 janvier. Les enjeux de santé publique sont considérables. Après vingt ans de recherches ayant mis en évidence la réalité des dérèglements du métabolisme de la faune sauvage, la responsabilité des perturbateurs endocriniens dans un certain nombre d'affections se précise : baisse de la qualité du sperme, abaissement de l'âge de la puberté, augmentation de la fréquence d'anomalies du développement... "Le grand enseignement de ces dernières années est que le focus s'est élargi : on ne parlait que de l'impact sur la reproduction, on parle aujourd'hui des systèmes immunitaires, de cofacteurs vis-à-vis de certains cancers (sein, prostate), de maladies métaboliques", précise Bernard Jégou, chercheur à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Quel est leur impact à faibles doses et le risque potentiel lorsqu'ils sont mélangés entre eux ? Autant de questions pour les chercheurs, qui suspectent des "effets cocktails". "On sait maintenant que des substances chimiques inoffensives pour l'homme quand elles sont prises isolément peuvent être nocives, même à petites doses, quand elles sont mélangées, indique William Bourget, directeur de recherche au Centre de biochimie structurale de Montpellier. Un chantier colossal s'ouvre pour dresser l'inventaire des combinaisons toxiques." En attendant des résultats irréfutables, "cela n'empêche pas de faire des recommandations pour limiter, voire interdire, l'usage d'un certain nombre de substances, à partir du moment où on a une suspicion", estime Gérard Lasfargues, directeur général adjoint de l'Anses.