Perturbateurs endocriniens : la Commission européenne accusée de blocage
Sept chercheurs indépendants, européens et américains, reprochent à la Commission européenne d’avoir utilisé des faux prétextes scientifiques sur les perturbateurs endocriniens pour retarder l’application des mesures de prévention dans l’utilisation des pesticides.
Le blocage du processus européen de protection contre les perturbateurs endocriniens (PE) est politique. Dans la revue Environmental Health Perspectives (EHP), sept scientifiques indépendants, issus d’universités et d’instituts de recherche européens et américains, dénoncent les motifs invoqués par la Commission européenne pour justifier son inaction. L’application de la réglementation aurait en effet pris du retard en raison des difficultés à définir des critères d’identification scientifiques de ces substances qui menacent le développement du fœtus et du jeune enfant. Le groupe de chercheurs montre a contrario qu’il n’existe pas de controverse scientifique sur la définition des PE, contrairement à ce que prétend la Commission. Il est possible d’utiliser la même méthode d'identification que celle des cancérogènes, comme l’a indiqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2002.
Mélanger « science et politique »
« L’absence de consensus scientifique a été créée de toutes pièces » dans le but de « reporter l’entrée en vigueur de la loi de 2009 sur les pesticides et de la loi de 2012 sur les biocides », affirme l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans un communiqué cinglant, évoquant « le fait que des définitions scientifiques puissent être déformées pour modifier l'esprit d'une loi, mélangeant ainsi science et politique ».
De plus, l’argument de la Commission réclamant une étude d’impact « n’est pas défendable », soutient dans ce communiqué Rémy Slama, chercheur de l’Inserm et coauteur de l’article d’EHP. « Cela créerait un dangereux précédent, dans la mesure où les études d'impact ne sont pas destinées à définir les dangers, mais à quantifier les effets de ces dangers et de la réglementation sur la santé, la société et l’économie ». Cette position est conforme à la décision de la Cour européenne de justice de décembre 2015, qui déclare que « la spécification des critères scientifiques ne peut se faire que de manière objective, indépendamment de toute autre considération, en particulier économique ».
Début mars, l’ONG Générations futures publiait la 6e enquête Exppert (pour « Exposition aux pesticides perturbateurs endocriniens »). Ses résultats révèlent que les personnes vivant près des zones agricoles (vignes, vergers et champs) sont exposées toute l’année à un cocktail important de pesticides, dont de nombreux perturbateurs endocriniens potentiels.
LA SÉCU VEUT LIMITER LES ARRÊTS DE TRAVAIL
Effet de manche ou manque de compréhension du système ? Jeudi 28 avril, Nicolas Revel, le directeur général de l’Assurance maladie, a émis deux propositions avant de rétropédaler. L’une envisageait de mettre en place un « malus » pour les médecins n’atteignant pas certains objectifs minimums de santé publique, l’autre de « valoriser » financièrement les médecins prescrivant des arrêts de travail qui respectent les durées de référence figurant sur le site Ameli.fr pour une grippe ou un syndrome du canal carpien, sans même prendre en compte le métier exercé par le patient. « C’est casser le thermomètre pour ne pas voir la fièvre », critique Bernard Salengro, président du syndicat des médecins du travail et responsable des questions de santé à la CFE-CGC. Pour endiguer la hausse des coûts médicaux, son organisation plaide plutôt pour la création d’une taxe sur la consommation de produits importés, comme c’est le cas au Danemark.
SUICIDE D’UN CHEMINOT
Un cheminot proche de la retraite s'est donné la mort, jeudi 14 avril, à Béziers (Hérault), au milieu des Ateliers SNCF. La CGT a mis en cause le « management hyper agressif » de l'entreprise, qui a réagi en faisant part de son « étonnement ». Depuis des mois, le syndicat « dénonce le climat délétère qui règne à Béziers ».
Le documentaire Policiers en souffrance, diffusé le 13 avril sur France Culture, s’immerge au centre de santé du Courbat, dans l’Indre-et-Loire, où une cinquantaine de gardiens de la paix sont pris en charge après un burn-out ou un épisode traumatique.