Pesticides : les experts sonnent l’alarme
Augmentation de certains cancers du sang, du cancer de la prostate, de la maladie de Parkinson, des leucémies de l’enfant lorsque la mère a été exposée pendant la grossesse… Des experts dressent un sombre tableau de l’exposition professionnelle aux pesticides.
Cette fois, le doute n’est plus permis. D’après les données de la littérature scientifique, une augmentation du risque de développer un lymphome non hodgkinien ou un myélome existe chez les professionnels exposés aux pesticides. Même constat s’agissant du cancer de la prostate ou encore de la maladie de Parkinson.
Le lien entre ces expositions aux produits phytosanitaires et les leucémies sont moins forts que pour les localisations cancéreuses citées plus haut, mais ils ne peuvent être écartés.
Telles sont les conclusions sans appel dressées par des chercheurs réunis au sein d’une expertise collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), menée à la demande de la direction générale dela Santé.Lesrésultats ont été rendus publics jeudi 13 juin, dans une conférence de presse qui s’est déroulée à l’Assemblée nationale, sous l’égide du député de Haute-Garonne Gérard Bapt.
Malformations congénitales
Une autre source d’inquiétude soulevée par les experts concerne les effets sur la grossesse et le développement de l’enfant. Leur rapport pointe une augmentation significative du risque de fausse couche et du risque de malformations congénitales lors d’une exposition professionnelle de la mère aux pesticides. De même, les chercheurs signalent une augmentation significative du risque de leucémie et de tumeurs cérébrales chez l’enfant dont la mère a été exposée professionnellement.
Comme souvent dans ce type de rapport, les experts réclament le développement d’autres études. Ils soulignent le peu d’informations disponibles sur les effets des mélanges de substances, alors que « l’exposition à de multiples substances actives peut entraîner des effets additifs, synergiques, potentialisateurs ou encore antagonistes ».
Les chercheurs pointent également le peu de données disponibles sur l’exposition des populations, y compris celle des agriculteurs et des ouvriers agricoles. Le groupe d’experts insiste sur la nécessité de disposer d’un système de recueil des données d’usage des pesticides et des données d’expositions des professionnels tout au long de la vie. Il recommande une « vigilance toute particulière », tant en milieu professionnel qu’en population générale, sur l’exposition aux pesticides pendant la grossesse.