Le plan blanc, remède miracle face aux tensions organisationnelles ?
Les hôpitaux connaissent périodiquement des situations dites de "tension hospitalière", selon trois grands scénarios : le nombre de patients à admettre dans l'établissement excède ses capacités d'accueil ; les moyens humains et techniques disponibles aux urgences sont insuffisants ; il manque des lits en aval des urgences. A l'origine de ces situations, on retrouve plusieurs types de facteurs : augmentation soudaine de l'affluence des patients, du fait d'une épidémie saisonnière ; absence inopinée d'une partie du personnel ; pannes informatiques ; calcul trop juste du nombre de lits disponibles pour hospitaliser les patients qui en ont besoin. Si certains de ces facteurs de tension sont extérieurs à l'hôpital, d'autres, en revanche, relèvent de ses modalités propres d'organisation, comme la baisse du nombre de lits disponibles ou la suppression de postes dans les services.
Urgence permanente. Pour gérer les aléas liés à ces contraintes organisationnelles, un dispositif intitulé "plan hôpital en tension", ou plan HET, a été créé. La Fédération des observatoires régionaux des urgences (Fedoru) a identifié sept types d'actions1 à mettre en place dans le cadre de ce plan : ouverture de lits supplémentaires, sollicitation des établissements voisins, renfort des personnels en poste...
Force est de constater que les établissements font aujourd'hui appel de manière récurrente, pour ne pas dire fréquente, à ce plan HET. S'il est difficile de ne pas faire de lien entre la politique assumée de "maîtrise des dépenses de santé" à l'hôpital et le recours important à ce dispositif, son usage pose d'autres questions concernant la qualité des soins prodigués et la sécurité des patients. En effet, l'hiver dernier, certains hôpitaux ont été jusqu'à déclencher le plan blanc, autre dispositif d'urgence normalement destiné à gérer des catastrophes sanitaires. Certes, selon Santé publique France, l'épidémie de grippe 2017-2018 a été précoce et longue. Néanmoins, si l'hôpital fait appel à un dispositif d'urgence parce qu'il y a la grippe en hiver, c'est qu'il est à bout de souffle. Que se passerait-il si une véritable catastrophe sanitaire venait se rajouter par-dessus ?