Des plans seniors sans envergure
Depuis 2009, les entreprises de plus de 50 salariés sont dans l'obligation de négocier un accord ou d'élaborer un plan d'action sur l'emploi des seniors, sous peine d'une pénalité correspondant à 1 % des rémunérations versées. Des accords de branche peuvent aussi être signés pour les entreprises ayant moins de 300 salariés. Dans le domaine de l'amélioration des conditions de travail et de la prévention des situations de pénibilité, un document de la direction générale à l'Emploi, transmis fin mai au Conseil d'orientation des retraites, reconnaît que peu d'actions précises sont retenues par les branches. S'agissant des accords d'entreprise, les services ministériels relèvent pudiquement que les indicateurs utilisés par les entreprises ne permettent pas toujours d'évaluer leur degré d'engagement.
Simples orientations. De leur côté, les organisations syndicales dénoncent l'absence de dialogue social autour des questions de l'emploi des seniors. " 70 % des plans seniors ont été arrêtés par les entreprises de façon unilatérale ", souligne Cécile Cottereau, secrétaire confédérale en charge de l'emploi des seniors à la CFDT. Eric Aubin, qui suit le dossier retraites pour la CGT, estime, lui, que les entreprises n'ont aucune réelle volonté de préserver l'emploi des seniors. " Ces plans d'actions ou ces accords mis en avant sont de simples orientations, sans aucune contrainte ", dénonce-t-il.
Valérie Pueyo-Venezia, enseignante-chercheuse en ergonomie à l'Institut d'études du travail de l'université Lyon 2, s'est intéressée à quelques-uns de ces nouveaux accords seniors. Elle est tout aussi dubitative sur leur portée. " Tous ces accords sont centrés sur les plus de 50 ans, ils occultent les conditions de travail de l'ensemble des salariés, déplore-t-elle. C'est comme si les entreprises s'attelaient à gérer les dégâts qu'elles ont occasionnés, en s'affranchissant de toute démarche de prévention. " Qui plus est, ces accords préparés par les directions des ressources humaines mettent plutôt l'accent sur la formation, le tutorat ou l'aménagement des carrières, sans évoquer les expositions professionnelles. Enfin, le vieillissement est presque toujours abordé sous l'angle du déclin physique, sans valorisation de l'expérience.