Plus d'horaires atypiques pour les femmes peu qualifiées
En France, 36 % des salariés étaient exposés aux horaires atypiques en 2019. Un taux proche de la moyenne européenne, et relativement stable depuis 2013. Cependant, en y regardant de plus près, cette constance est un « trompe-œil », indique une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) réalisée à partir des enquêtes Conditions de Travail 2013 et 2019. Et pour cause : certaines hausses contrebalancent certaines baisses. Par exemple, si le travail du soir (20 heures - minuit) et de nuit (minuit - 5 heures) a légèrement diminué, le travail du matin (5 heures - 7 heures), du samedi et du dimanche a de son côté progressé.
Selon les résultats parus dans le numéro d’avril de Population et Sociétés, les femmes et certaines catégories socioprofessionnelles sont particulièrement touchées par cette augmentation. De façon globale, 37 % des femmes travaillaient en horaires non standards en 2019, contre 35 % des hommes. Elles sont plus nombreuses qu’eux à exercer leur fonction le samedi (29 % pour 22 % des hommes) et le dimanche (15 % pour 11 % des hommes). Des chiffres qui ont augmenté depuis 2013, contrairement à ceux des hommes. Pour leur part, ces derniers sont surreprésentés le matin (19 % face à 13 % de femmes), le soir (15 % pour 12 % de femmes) et la nuit (8 % pour 4 % de femmes). Une exposition masculine aux horaires atypiques qui tend à se réduire sur la décennie.
Sans surprise, les salariés les plus exposés aux horaires non standards sont issus des catégories les moins favorisées. Pour 1 cadre sur 6 travaillant en horaires atypiques en 2019, on comptait dans la même situation près de la moitié des ouvriers et plus de la moitié des employés non qualifiés. Depuis 2013, l’exposition a diminué de 18 % chez ces mêmes cadres, alors qu’elle s’est maintenue ou a augmenté chez les autres salariés.
Les travailleuses qualifiées apparaissent comme plus privilégiées : entre 2013 et 2019, la part des femmes cadres exposées aux horaires atypiques a diminué de 23 %, tandis qu’elle a augmenté de 11 % pour les ouvrières non qualifiées soumises aux mêmes contraintes.