Prendre de l'avance

Une idée revient avec insistance dans le dernier numéro des Cahiers des soutenabilités de France Stratégie1 , consacré à la politique de santé au travail : la nécessité d’anticiper. On y parle d’intégrer les enjeux de long terme ; d’évaluer très tôt l’intérêt d’une prévention des risques émergents ; d’inciter les employeurs à une « veille permanente » ; de créer des régimes de travail flexibles qui tolèrent « des aléas de santé en cours de route » ; et surtout de « donner du temps aux acteurs publics sans être dans la seule gestion des urgences ».
Ce document est paru en novembre 2021, alors que s’amorçait en France la cinquième vague de la pandémie. Cette actualité n’a pas échappé aux auteurs, qui signalent une ambivalence : dans cette période, on a davantage pris conscience de l’impact du travail et de son organisation sur la santé physique et mentale (qu’il s’agisse des effets du télétravail ou des inégalités dans l’exposition aux infections) ; mais en même temps, comme dans toute crise, on peut tendre à privilégier la réaction à l’anticipation. Il faut donc, expliquent-ils, développer aussi la capacité de regarder plus loin. En contexte d’intensification du travail, voilà un argumentaire bien convaincant. Ce qui nous mène à une autre actualité : les élections nationales du printemps prochain. En faisant le vœu que les candidats sachent penser le travail en d’autres termes que ceux de la performance immédiate…

• 1Organisme de réflexion placé auprès du Premier ministre.