Préserver les conditions de travail des jeunes
Nul doute que les partenaires sociaux, qui s'apprêtent à négocier sur l'emploi des jeunes, auront présente à l'esprit la participation importante des lycéens et des étudiants dans le récent conflit sur les retraites. Certains n'ont voulu voir dans cette mobilisation que la promptitude naturelle de la jeunesse à contester le pouvoir en place. L'explication est un peu courte. Certes, le souci majeur des jeunes n'était sans doute pas l'âge auquel ils partiraient en retraite, ni le montant de leur pension. Il existe cependant deux raisons parfaitement légitimes à leur inquiétude.
La première, c'est qu'en période de récession, l'allongement de la durée de cotisation des seniors va encore compliquer leur entrée sur le marché du travail. La seconde tient aux conditions de travail. Témoins, à travers leurs parents, de l'augmentation du stress, de la pénibilité et de la difficulté à faire face aux contraintes du travail après 50 ans, les jeunes n'ont pas envie de perdre leur vie à la gagner. Surtout qu'ils savent que, pour accéder au marché du travail, ils vont devoir en passer par des contrats atypiques, par de l'intérim, et qu'ils seront confrontés à la précarité. Des conditions d'emploi et de travail dont on sait qu'elles favorisent les risques d'accident grave, d'exposition à des toxiques ou de troubles musculo-squelettiques.
Alors, les négociateurs ne devront pas perdre de vue que l'intégration des jeunes doit se faire dans des organisations apprenantes, qui leur permettent de connaître les gestes professionnels et les savoir-faire de prudence, indispensables à la construction de leur identité professionnelle.