Prévention des TMS : le ministère du Travail et la Sécu au coude à coude
Hier, démarraient le second volet de la campagne du ministère du Travail sur les troubles musculo-squelettiques et la seconde semaine de prévention organisée par la Cnam. Mais l'éradication durable de la première cause de maladies professionnelles nécessite davantage que de la communication.
« La prévention des TMS, on s'y met tous. » Ce message, qui pouvait être entendu dès ce matin sur les antennes des principales radios nationales, marque le deuxième volet de la campagne de sensibilisation lancée par le ministère du Travail. Effectivement, tout le petit monde de la prévention veut lutter contre ce fléau puisque, aujourd'hui même, la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnam-TS) invitait à son tour la presse pour le coup d'envoi de sa deuxième semaine de prévention de la première cause de maladies professionnelles, intitulée « Prévenir les TMS, les entreprises se mobilisent ». Ces deux initiatives démarrent en même temps et visent la même cible : les décideurs, chefs d'entreprise et cadres dirigeants, pour le ministère ; les branches professionnelles, pour la Cnam-TS, laquelle a signé cet après-midi plusieurs chartes de partenariat avec des organisations professionnelles.
Les annonces presse du ministère – qui seront diffusées dans la presse professionnelle, économique et dans la presse quotidienne régionale – reprennent le visuel de la bouche qui se tord de douleur sur l'articulation d'un travailleur, diffusé en spots télé l'an passé. Elle avait pourtant fait l'objet de vives critiques de la part des organisations patronales de la grande distribution et du bâtiment. Ces dernières redoutaient que les images de caissière ou d'ouvrier sur un chantier touchés par ces pathologies ne dégradent encore davantage leur image et leur attractivité chez les jeunes. Les photos ont simplement été changées ou retouchées : l'ouvrier du bâtiment a les mains moins sales !
Grande cause nationale
Au-delà de ces petites anicroches et de la compétition que semblent se livrer le ministère du Travail et la Sécu pour occuper le devant de la scène sur ce sujet, force est de constater que la prévention des TMS devient la grande cause nationale de la santé au travail. Le 28 avril dernier déjà, la Mutualité sociale agricole (MSA), le ministère de l'Agriculture et celui du Travail avaient organisé un colloque sur la prévention de ces pathologies dans l'industrie agroalimentaire où elle fait des ravages parmi les salariés des abattoirs ou des ateliers de découpe de viande.
Ces initiatives devraient légitimer l'action de ceux qui veulent s'engager contre ces problèmes, sources de douleur et de handicaps pour les salariés et de perte de compétitivité pour les entreprises. Mais pour être efficaces et durables, ces actions doivent s'attaquer à la racine du mal : l'organisation du travail (1). Ainsi, parce qu'ils bousculent en permanence l'organisation de la production et du travail, parce qu'ils ôtent aux opérateurs toute marge de manœuvre et les empêchent de développer des stratégies d'anticipation des aléas, les flux tendus, le juste-à-temps et autre zéro stock constituent de véritables « bouillons de culture » de TMS. De même, les connaissances réunies dans un rapport remis en 2008 au ministre du Travail montrent que le manque d'autonomie de certains établissements à l'égard d'un groupe ou de clients puissants, les stratégies commerciales low cost, le cloisonnement entre services et entre salariés, ou encore l'instabilité du management ne constituent pas des terrains propices à la prise en compte des TMS.
Prévenir efficacement et durablement ces pathologies réclame donc un engagement fort et durable des entreprises et souvent une remise en cause de leur modèle productif, voire de leur stratégie. Des actions qui dépassent largement le cadre d'une campagne de com.
(1) Lire notre dossier « Troubles musculo-squelettiques : à quand une prévention durable ? » ; Santé & Travail n° 62, avril 2008.