Le prix Albert Londres décerné à Jean-Robert Viallet pour "La mise à mort du travail"
Le réalisateur Jean-Robert Viallet a reçu le 3 mai le prix audiovisuel Albert Londres pour « La mise à mort du travail ». Cette trilogie documentaire démonte les rouages du management pour en comprendre les effets délétères.
Lundi 3 mai, le prix audiovisuel Albert Londres 2010 a été remis au réalisateur Jean-Robert Viallet, 40 ans, pour sa série documentaire en trois épisodes d'une heure, La mise à mort du travail, diffusée en octobre dernier sur France 3. Cette plongée dans le monde du travail contemporain, à travers les exemples de deux entreprises mondialisées (Carglass et Fenwick), avait déjà reçu le prix spécial du public au premier festival « Filmer le travail » de Poitiers et le prix « Santé et Travail » au festival de Liège (Belgique).
Le réalisateur, auteur de deux documentaires précédemment remarqués, Une femme à abattre et Les enfants perdus de Tranquility bay, se réjouit que le prix Albert Londres consacrant les grands reportages récompense un film qui « se passe, non pas dans des pays lointains, Irak, Somalie ou Birmanie, mais à la porte de chez nous, notamment dans les bureaux des tours de La Défense », où a été tournée une large partie de la trilogie.
« La nature du grand reporter est d'aller dans des endroits difficiles, commente Jean-Robert Viallet. Or les entreprises sont un milieu extrêmement fermé, dans lequel un journaliste a beaucoup de peine à entrer pour faire un travail critique. Cette enquête à caractère sociologique a demandé deux ans d'immersion dans le monde de l'entreprise, et ce, sans caméra cachée, dans les règles de l'art du journalisme. Cette immersion dans la durée a permis de produire un document sérieux et rigoureux sur les liens entre des indicateurs de santé au travail actuellement dans le rouge - troubles musculo-squelettiques, stress, dépression - et les méthodes de management employées dans les multinationales. » Aux yeux du réalisateur, l'émergence de la souffrance au travail dans l'actualité ces derniers mois, avec la médiatisation des suicides dans de grandes entreprises, n'est sans doute pas étrangère à la décision du jury Albert Londres.
C'est avec son prix en poche que Jean-Robert Viallet accompagnera désormais les projections de La mise à mort du travail, organisées à la demande de syndicats, réseaux militants, lycées et même grandes écoles, « là où se diffuse le discours managérial ».