Psys en entreprise : les réserves du Conseil de l'ordre des médecins
" La médecine n'est pas un commerce et le rôle du médecin du travail n'est pas de distribuer des tickets donnant accès à on ne sait quel "écoutant" susceptible d'aider le salarié en souffrance à mieux supporter son travail. "1 Pour le président de la section éthique et déontologie du Conseil national de l'ordre des médecins, le psychiatre Piernick Cressard, les Tickets Psy permettant de bénéficier de consultations prises en charge par l'entreprise sont une entorse au rôle du médecin du travail et à la liberté de choix du patient, les écoutants étant sélectionnés et rémunérés par l'entreprise. De plus, il y a un risque de violation du secret médical. Mêmes problèmes avec les cellules d'écoute internes aux entreprises. " Des médecins du travail de France Télécom ont, pour des raisons éthiques, refusé de participer à ces structures mises en place en 2008 et se sont retrouvés en difficulté ou ont démissionné ", note Piernick Cressard.
Quant à l'autopsie psychique, " elle n'est concevable que dans une optique de recherche sociologique, non en tant qu'étude individualisée, comme chez Renault ", rappelle-t-il précisant que " le respect dû à la personne ne cesse pas de s'imposer après la mort ". A ce titre, le psychiatre pointe les manquements à la déontologie de confrères qui se prévalent de leur qualité pour mener ce type d'observation dans le cadre d'expertises : " Un médecin ne peut s'affranchir de la déontologie, même lorsqu'il intervient comme consultant dans une entreprise. "
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Médecins. Bulletin d'information de l'Ordre national des médecins n° 5, mai-juin 2009.