Les psys de Pôle emploi en première ligne
Près d’un millier de psychologues sont salariés de Pôle emploi. Une réalité méconnue, fruit de la restructuration de l’Agence de formation professionnelle des adultes (Afpa). En 2009, le gouvernement Fillon décide d’en sortir les psychologues spécialisés dans l’orientation pour les intégrer chez l’opérateur public. Un transfert utile : la hausse du chômage à la fin des années 2000 a fait de ces professionnels une ressource précieuse pour les conseillers, qui leur envoient les demandeurs d’emploi en difficulté. « Leur travail a glissé petit à petit vers les questions de souffrance, de santé mentale », raconte Olivier Paradon, délégué syndical au Syndicat national unitaire (SNU) de Pôle emploi.
Demande élevée de soutien
Sans nier l’évolution de la fonction, la direction de Pôle emploi persiste toutefois à considérer que « les psychologues du travail n’ont pas vocation à intervenir sur les questions de santé », mais à accompagner l’orientation professionnelle. Les psychologues de l’opérateur ne sont donc pas impliqués dans le « parcours emploi santé », qui a été externalisé. Une occasion ratée, selon Olivier Paradon, même si le lancement de ce programme en mars 2022 est le signe que l’institution s’ouvre aux enjeux de santé. « La direction est dans une volonté de réduire l’écart, abyssal, entre travail prescrit et travail réel », poursuit le syndicaliste. Car la demande de soutien psychologique des chômeurs reste élevée et entraîne une augmentation des délais d’attente pour obtenir un rendez-vous, parfois d’un mois ou deux. « Ce sont souvent des entretiens d’une heure minimum, voire plus. Et pour les situations plus compliquées, il faut quatre à six entretiens », souligne-t-il. Et en interne, la profession se mobilise pour gagner en autonomie et échapper à toute « instrumentalisation », visant par exemple à orienter les demandeurs d’emploi vers les métiers en tension.