Un quart des salariés "tendus"
Près d'un quart des salariés français sont en situation de job strain, autrement dit de tension au travail. C'est ce que révèle une nouvelle déclinaison de l'enquête Sumer 2003, menée par le ministère du Travail, sur les facteurs psychosociaux au travail1 . Ce job strain, évalué par le questionnaire de Karasek2 , est ressenti quand la demande psychologique est forte et la latitude décisionnelle faible. La situation est aggravée lorsque le soutien social est faible.
Les femmes y sont plus exposées (28 %) que les hommes (20 %), et ce dans chaque catégorie socioprofessionnelle, à l'exception des cadres et des employés administratifs. Ce sont les employés qui sont les plus "tendus", devant les ouvriers non qualifiés. C'est dans l'hôtellerie-restauration, les transports et les activités financières que la part des salariés soumis au job strain est la plus conséquente. A l'inverse, les salariés de l'agriculture, de la construction et de l'éducation (secteur privé) sont les plus "détendus".
Les salariés "tendus" sont les moins nombreux à se dire satisfaits de leur travail, mais ils ne sont pas les seuls à le trouver "stressant". En effet, 53 % des salariés "actifs" estiment leur travail "très stressant" et 48 % des salariés "tendus" partagent ce jugement, alors que, toutes catégories confondues, ils sont 34 % à considérer que leur activité est "très stressante""C'est la demande psychologique qui semble principalement associée au sentiment de stress, qu'il faut donc bien distinguer du job strain au sens de Karasek", notent les auteurs de l'étude.
Mauvais pour la santé. Les salariés en situation de job strain affirment plus souvent que les autres que leur travail est "très fatigant" et qu'il est mauvais pour leur santé. Ils sont aussi plus nombreux que les "actifs" à s'estimer en mauvaise santé. "C'est moins la demande psychologique (liée au stress) à elle seule qui est source de risques pour la santé, que son association avec une faible latitude décisionnelle", constatent les auteurs. Enfin, l'étude montre l'importance du soutien social (aide des collègues ou des supérieurs hiérarchiques) : plus de la moitié des salariés "tendus" qui n'en bénéficient pas déclarent que leur travail est mauvais pour la santé et un quart d'entre eux se jugent en mauvaise santé...