Quel maintien en emploi après un cancer ?
Dépistés à des stades de plus en plus précoces, souvent à un âge où les individus sont encore actifs, les cancers peuvent, pour une grande majorité d'entre eux, être guéris ou revêtir un caractère de chronicité avec un intervalle potentiellement long entre deux épisodes. Leur traitement implique souvent des soins intensifs, avec des effets secondaires importants sur une assez courte période : de trois à six mois la plupart du temps, parfois jusqu'à douze. En général, ces traitements contraignent les malades à s'éloigner temporairement du marché du travail
S'ils ne sont pas guéris à l'issue des traitements, les malades peuvent néanmoins continuer à vivre et travailler dix ou vingt ans, tout en devant parfois interrompre leur activité, avec un besoin d'adaptations des conditions de travail pendant une période plus ou moins longue, voire définitive. Plusieurs études réalisées en France ont montré l'importance de ces interruptions et adaptations pour le maintien dans l'emploi des malades et pour leur santé.
Des aménagements utiles. En comparant les effets de la survenue d'un cancer sur la situation professionnelle relativement à une population n'ayant pas eu de cancer et ayant par ailleurs les mêmes caractéristiques d'âge, de genre ou de niveau d'éducation, des travaux récents ont indiqué que la première année après le diagnostic, les femmes étaient davantage en arrêt maladie (près de deux trimestres supplémentaires), de même que les hommes (un peu plus d'un trimestre supplémentaire en moyenne). Cet éloignement de l'emploi est plus important pour les malades les plus âgés. Les effets d'éloignement du marché du travail ne s'estompent pas nécessairement cinq ans après le diagnostic. Il est évidemment difficile d'en identifier les causes : sévérité de la maladie, des séquelles, adaptation insuffisante des conditions de travail ?
Sur ce dernier point, une autre étude s'est focalisée sur l'impact des aménagements de conditions de travail sur la reprise du travail après un cancer. Elle a ciblé des personnes ayant reçu un diagnostic de cancer deux ans auparavant et qui ont obtenu depuis un aménagement des conditions de travail : poste, horaires ou durée du travail. La comparaison est faite avec des personnes de caractéristiques semblables, y compris en termes de type de maladie et de traitement. Les résultats sont probants : un aménagement augmente fortement la probabilité de retour au travail et améliore l'état de santé perçu des individus. Un sérieux bémol, cependant : une bonne partie d'entre eux font état d'une baisse de revenus.