Quelle prévention pour les travailleurs indépendants ?

janvier 2017

Les travaux de prospective menés par l'INRS et ses partenaires ont donné lieu à une journée de restitution, intitulée "Travailler en bonne santé en 2040" et organisée à l'Assemblée nationale le 23 novembre dernier. La question de l'organisation de la prévention des risques professionnels dans un éventuel futur marqué par la montée du travail indépendant et de la pluriactivité a alors été abordée1

Aujourd'hui, la prévention privilégie une approche mutualisée fondée sur l'étude du travail réel, que l'existence de collectifs de travail et le dialogue social favorisent. Mais qu'en serait-il dans un système où ces collectifs auraient disparu parce que le travail indépendant se serait substitué au CDI ? Pourrait-on les reconstituer sous forme virtuelle, grâce à des forums d'échange entre professionnels ? Ce schéma d'organisation du travail via des contrats commerciaux est-il compatible avec une production industrielle ? Quelles en seraient les conditions : une production robotisée où l'intervention humaine ne serait plus qu'un appoint ponctuel pour la réalisation de tâches codifiées et entièrement prescrites ?

Le cas d'une activité de service comme l'aide à la personne a également été examiné. Dans le cadre de la pluriactivité et du développement des tissus de solidarité locaux, mais aussi dans une optique de réduction des coûts, ces tâches pourraient s'organiser à l'échelle d'une commune ou d'un quartier et être confiées à des indépendants. Il n'en reste pas moins que ces activités demandent une certaine technicité et que leur sinistralité est forte : les taux d'accidents sont, dans le secteur, supérieurs de 30 à 40 % à ceux du bâtiment. Il faut donc organiser la prévention. Le régime général de la Sécurité sociale s'y emploie et rencontre des difficultés, dont témoigne la sinistralité. Beaucoup reste à construire du côté des indépendants. Car même quelques heures d'activité par semaine peuvent faire très mal !

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    Voir aussi la rubrique "Débat", page 52.