Toyota : rappels à la pelle
Toyota aurait rappelé de 8 à 9 millions de véhicules dans le monde depuis l'automne dernier. Un chiffre qui s'était élevé à " seulement " 5 millions entre 2000 et 2005. La machine s'emballe ! Système de freinage, direction... rien ne va plus.
Le toyotisme, système d'organisation du travail " maison " copié aujourd'hui par tous les constructeurs automobiles et, au-delà, par de nombreuses industries de production de masse, semble avoir atteint ses limites. Le fameux principe de la lean production (littéralement " production sans gras ") - zéro stock, zéro délai, qualité totale, implication des salariés dans l'amélioration de la productivité par la réduction drastique des coûts - a apparemment des ratés dans le moteur. En tout cas, pour la qualité totale, c'est maintenant une évidence : ça ne fonctionne pas... Sauf en rêve, dans les coûteuses campagnes de pub qu'il faut lancer en urgence pour corriger l'image désastreuse engendrée par ces rappels à la pelle.
Bien réelle, en revanche, est la dégradation des conditions de travail associée à ce mode d'organisation lean, dégradation plus importante que dans les entreprises aux organisations apprenantes ou même tayloriennes1 . Mais en général, on ne " rappelle " pas les travailleurs exclus de l'entreprise à cause d'un trouble musculo-squelettique ! Bien réelle aussi est la souffrance psychique liée à ce système de production. Comment les salariés, placés dans l'impossibilité de faire un travail de qualité, peuvent-ils " se reconnaître " dans ces voitures, malgré leur acharnement à bien faire ?
Assurément, il est temps de changer de modèle, en commençant peut-être par engager un débat sur les contradictions entre la qualité pour ceux qui pensent l'organisation et la qualité pour ceux qui la font. ?
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" Conditions de travail et santé au travail des salariés de l'Union européenne : des situations contrastées selon les formes d'organisation ", par Antoine Valeyre, Document de travail n° 73, novembre 2006, Centre d'études de l'emploi.