Le refus d'être une "bonne à tout faire"
Virginia est auxiliaire de vie au sein d'une structure d'aide à domicile. Elle fait 30 heures par semaine, ce qui lui suffit, car les remplacements d'absences sont courants et chargent lourdement certaines semaines. De ce fait, les plannings ne sont connus qu'une semaine à l'avance. Les horaires décalés, fragmentés, irréguliers ont un impact sur sa vie privée. Néanmoins, Virginia aime bien ce travail de prise en charge globale d'une personne vulnérabilisée par la maladie ou par l'âge, avec son cortège de pertes d'autonomie.
En revanche, ce qu'elle réprouve, c'est d'être considérée comme une femme de ménage, une domestique qu'on utilise à merci. Son métier, c'est l'aide à la personne, dans son environnement. Certes, il y a le ménage, mais pas seulement. Elle est là pour aider à la toilette, au repassage, s'occuper de l'alimentation, faire les courses, un peu de cuisine, remplir les "papiers", faire prendre les médicaments préparés dans les piluliers par les infirmières, s'inquiéter de l'état moral de la personne, etc. Une relation d'aide, pas de domesticité. Une fois par mois, des réunions sont organisées entre auxiliaires de vie pour discuter de leurs difficultés, en présence de la direction. Il est question des plannings, des cas à suivre. On parle peu du travail lui-même. Pourtant, dit-elle, "j'en entends beaucoup qui disent être lassées". Question du médecin du travail : "Et si vous étiez plusieurs à dire que vous allez refuser de faire ce qui vous paraît de l'ordre d'un détournement de vos missions relevant du "prendre soin" vers une activité de "bonne à tout faire", il se passerait quoi ?" Pas de réponse. Mais cette question peut initier chez la salariée une réflexion sur sa situation, voire déclencher un début d'action de sa part ou en concertation avec d'autres.