Le retour à un (mauvais) emploi génère un stress chronique
Que la santé soit moins bonne chez les chômeurs que chez les personnes en emploi est un constat largement établi. Cela s'explique à la fois par les effets néfastes de la perte d'emploi et par le fait qu'un problème de santé peut compromettre le parcours professionnel. On ne doit pas cependant en conclure que toute reprise d'emploi est bénéfique. C'est ce que démontrent Tarani Chandola et Nan Zhang dans un article de l'International Journal of Epidemiology, à partir de données extraites d'une grosse base de données longitudinales constituée au Royaume-Uni autour de 2010.
Stress chronique.
Quand le nouvel emploi est de piètre qualité (peu satisfaisant, anxiogène, peu autonome, sans sécurité d'emploi, mal rémunéré...), les "biomarqueurs" d'un stress chronique, mesurés surtout à partir d'analyses sanguines, atteignent des niveaux plus élevés que chez les personnes restées au chômage - cet écart étant mesuré en tenant compte du sexe, de l'âge, de la qualification, de l'ancienneté du chômage, etc. Ces indications biologiques ("infracliniques", disent les auteurs), quoique peu favorables, ne s'accompagnent pas d'une dégradation nette de la santé déclarée par les intéressés. Toutefois, les auteurs s'inquiètent de troubles métaboliques ou cardiovasculaires à venir, dont ces signes de stress seraient annonciateurs. Leur conclusion, qui attire l'attention en ces temps où les politiques publiques privilégient l'emploi à n'importe quel prix, est qu'on ne peut pas détourner le regard de la qualité des emplois "retrouvés", ni des enjeux de santé qu'elle recouvre.