Retraite anticipée : du bout des lèvres

juillet 2008

Ce n'est que dans son ultime version, présentée le 27 mai par le député UMP des Yvelines Jean-Frédéric Poisson, que le rapport sur la pénibilité prévoit la possibilité d'un départ anticipé à la retraite. Mais l'on sent bien la réticence du rapporteur, qui écrit dans son "appréciation" que le "recours aux cessations anticipées d'activité n'est pas la bonne manière de traiter les conséquences de la pénibilité". Il lui préfère l'aménagement de la fin de carrière, notamment sous forme d'une réduction du temps de travail, mais en conditionnant l'éligibilité à ce dispositif à un examen par une commission médicale. Un montage trop proche de la position du Medef, selon plusieurs organisations syndicales, et qui repose sur des erreurs grossières. Il est en effet surprenant de parler de la "diminution progressive et constante de l'écart entre l'espérance de vie des ouvriers et celle des cadres", comme on peut le lire dans le rapport.

Sur les dix propositions, le rapport en consacre huit à la prévention de la pénibilité. Parmi les plus intéressantes, on retiendra le renforcement de la présence et du rôle des CHSCT, une défiscalisation totale des dépenses d'adaptation des postes de travail en vue de réduire la pénibilité, la généralisation de la gestion prévisionnelle des carrières, le doublement du budget annuel du réseau de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), ou encore la réforme de la médecine du travail.