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Risques psychosociaux, des vidéos d’e-formation pour les élus

par Alexia Eychenne / 05 septembre 2024

Face à des risques psychosociaux en pleine expansion, les élus du personnel comme les employeurs manquent souvent d'outils pour mener des enquêtes auprès des salariés. Pour les aider, la Carsat Normandie et le réseau Souffrance au travail ont élaboré un guide méthodologique sous forme de vidéos.

Qui peut mener une enquête sur les risques psychosociaux (RPS) dans une entreprise ? Comment la préparer et respecter la confidentialité des échanges, pour protéger victimes et témoins ? Et quel usage faire de ses conclusions ? Autant de questions que les élus du personnel, à commencer par les membres des commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) des comités sociaux et économiques (CSE), mais aussi les employeurs, posent régulièrement à l'inspection du travail ou au personnel des Carsat, les caisses de la sécurité sociale en charge de la santé au travail.

Partage de connaissances pour la prévention

Pour diffuser leur expertise au plus grand nombre, la Carsat Normandie et le réseau Souffrance au travail, fondé par la psychologue du travail Marie Pezé, ont eu l'idée d'élaborer une série de vidéos, mises à disposition sur le site de la Carsat. « Les préventeurs savent que ces enquêtes sont primordiales, mais on constate qu'elles ne sont pas toujours menées, ou bien menées », observe Hélène Wozny, chargée de communication au sein de la Carsat de Normandie.
« On a tendance à donner les mêmes types de réponses à ceux qui nous sollicitent. Ces connaissances ne doivent pas rester entre les mains des experts, surtout quand on a, en entreprise, des bonnes volontés pour les mettre en pratique », complète Michaël Prieux, inspecteur du travail en Seine-Maritime et membre du réseau Souffrance au travail. Ces deux acteurs de la santé au travail se sont rejoints sur l'idée de produire des capsules vidéos. « Il s’agit de formats synthétiques et didactiques, élaborés à partir d’exemples concrets », précise l’inspecteur du travail. 

Huit vidéos, de 3 à 7 minutes chacune, sont déjà mises en ligne. Quatre sont en cours de montage et quatre autres en tournage, financées par la Carsat. « L’ensemble des vidéos permettra d’offrir une méthodologie complète, telle que celle utilisée par les préventeurs ou les inspecteurs du travail », assure Michaël Prieux, qui a élaboré leur contenu avec Carole Ackermann, ergonome et contrôleuse de sécurité à la Carsat Normandie.
Les vidéos s'appuient également sur les conseils du Défenseur des droits pour construire un protocole d'enquête, ou encore sur la grille dite « Gollac-Bodier », du nom d'un rapport paru en 2011, pour identifier les facteurs de risques psychosociaux. Des ressources en ligne existent déjà sur le sujet, notamment celles de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), mais les deux partenaires font le pari que le format vidéo les rend plus faciles et plus rapides d'accès qu'une documentation écrite, notamment auprès des plus petites entreprises. 

Observer le travail réel pour comprendre 

Les enquêtes sur les risques psychosociaux peuvent être menées par les représentants du personnel, par la direction, ou par les deux de façon paritaire, à leur initiative ou à la suite d'une alerte. Mais les écueils sont nombreux. « Les élus ou les employeurs peuvent avoir l'impression de devoir rendre des conclusions sur des accusations, alors que l'enquête ne vise qu'à mettre en lumière la réalité des faits et leur contexte, illustre Michaël Prieux. Leur boulot n'est pas de chercher un coupable, mais de repérer ce qui dysfonctionne et produit de la souffrance dans les conditions de travail. »

La méthodologie suggérée par les capsules, que le public est libre d'adapter pour construire sa propre méthode de prévention, invite les « enquêteurs » à observer le travail réel, tout en livrant des clés pour conduire des entretiens sans biais, ou tirer profit de l'analyse de documents. Une autre difficulté souvent rencontrée tient aux suites données au rapport d'enquête. Une vidéo à paraître devrait donner des clés pour tirer une conclusion formelle de la démarche et exploiter au mieux les éléments observés. 
Depuis le début de l'été, les premières vidéos disponibles ont déjà enregistré plus de 7 700 consultations. Un premier succès, jugent la Carsat et le réseau Souffrance au travail, qui veulent croire que leur travail commence à se diffuser dans les entreprises.

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