S-métolachlore : l’Anses sommée de revoir sa copie
Le 15 février dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait annoncé son intention d’interdire l’utilisation du S-métolachlore. Après des expertises menées sur cet herbicide abondamment répandu sur les terres agricoles (cultures de maïs, soja, tournesol, sorgho), l’Agence avait en effet constaté la présence de trois produits issus de sa décomposition dans les nappes phréatiques, à des niveaux supérieurs au seuil fixé par la réglementation européenne. Une contamination des plus inquiétantes étant donné qu’en 2022, l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) a classé le S-métolachlore parmi les substances cancérigènes suspectées.
Retournement de situation, le 30 mars suivant, lors du congrès de la FNSEA qui se tenait à Angers. Dans un discours tenu devant les représentants du syndicat agricole, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a en effet demandé à l’Anses « une réévaluation de sa décision sur le S-métolachlore, parce que cette décision n’est pas alignée sur le calendrier européen et qu’elle tombe sans alternatives crédibles ». Et de rajouter : « Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d'une agence. »
Cette injonction gouvernementale n’a pas manqué de faire réagir certains élus et associations. Pour Générations Futures, entre autres, cette décision est « purement scandaleuse », puisqu’elle vise à « mettre en cause l’indépendance et le travail scientifique et règlementaire de l’Agence pour lui demander d’obéir à un ordre politique ».
En définitive, l'Anses a bien décidé le 20 avril de retirer les autorisations de mise sur le marché des différents produits à base de S-métolachlore, avec une interdiction de vente et de distribution à compter du 20 octobre 2023 et un délai d'utilisation des stocks jusqu'au 20 octobre 2024.