"Le salarié malade n'existe pas dans l'entreprise"
L'association Cancer@work aide les entreprises à donner une place aux salariés atteints d'une maladie chronique.
Qu'est-ce qui vous a poussée à travailler sur le maintien dans l'emploi des personnes atteintes d'une pathologie chronique, avec le cancer comme point d'entrée ?
Anne-Sophie Tuszynski : En 2011, quand j'ai été malade, je me suis rendu compte que le sujet était resté dans l'angle mort du plan national sur le cancer. Statutairement, quand on est atteint d'une maladie chronique, on est soit travailleur handicapé, soit salarié "bien portant". Le salarié malade n'existe pas en tant que tel dans l'entreprise. Il n'y avait pas de processus d'accompagnement qui permettait d'intégrer le sujet. Or, quand des personnes souffrent d'un diabète ou d'une sclérose en plaques par exemple, elles ne sont pas forcément en arrêt maladie et ne peuvent pas nécessairement bénéficier d'une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, ou ne le souhaitent pas. Elles se retrouvent dans une zone grise.
Comment accompagner au mieux le retour d'arrêt maladie suite à une pathologie comme le cancer ?
A.-S. T. : La maladie a des conséquences physiques, mais aussi psychologiques. Les gens n'ont pas envie de donner à voir qu'ils sont fragiles. Peu osent dire qu'ils sont fatigués et ne mesurent pas forcément cet état. Souvent, ils ont envie de revenir à leur vie d'avant et de tourner la page. La mise en place d'un temps partiel thérapeutique ou du télétravail, par exemple, peut être salvatrice. Ces solutions permettent de concilier le besoin vital, pour certains salariés, de reprendre leur travail, tout en ménageant leur santé impactée par les traitements.