La santé au travail, enjeu d’avenir pour la Mutualité
Près de 40 % des Français considèrent que le travail dégrade leur santé. C’est un des constats mis en lumière par un sondage réalisé dans le cadre de la 6e édition de l’observatoire de la Fédération nationale de la Mutualité française. Qui propose des pistes pour donner un coup de fouet à la prévention.
« La santé au travail est nécessaire pour rendre plus effectif l’accès à la pleine santé pour tous. » C’est ce qu’a rappelé Éric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité française, lors de la présentation de son 6eobservatoire, consacré à la santé au travail : « Il n’existe pas de fatalité des accidents et du travail et des maladies professionnelles. La France a des capacités d’amélioration extrêmement importantes. » L’observatoire dresse des constats préoccupants, que connaissent bien les lecteurs de Santé & Travail : l’Hexagone vient en tête des pays européens pour le nombre d’accidents du travail mortels ; les inégalités sociales d’exposition aux risques professionnels perdurent, avec sept fois plus d’accidents du travail graves pour les ouvriers que pour les cadres ; des secteurs d’activité sont particulièrement accidentogènes comme le BTP pour les hommes et l’aide à domicile pour les femmes. Ceci dans un contexte de pénurie de médecins du travail, dont une bonne moitié a plus de 65 ans, avec des conséquences négatives sur le suivi en santé au travail.
Douleurs physiques régulières
Rien d’étonnant donc à ce que les Français se disent inquiets. Selon un sondage réalisé par Harris Interactive, près de la moitié d’entre eux estime que le système de santé fonctionne mal. 39 % des actifs considèrent que leur santé se dégrade au travail, 76 % connaissent ou ont connu du stress dans leur activité professionnelle, 61 % des douleurs physiques régulières. Quant aux entreprises, elles sont jugées peu impliquées dans la prévention.
La Mutualité française formule plusieurs propositions – assorties, pour certaines, d’initiatives mutualistes – afin de « démontrer que les solutions existent, qu’elles sont plurielles, avec la possibilité de les reproduire », explique Séverine Salgado, sa directrice générale. Le premier axe vise à faire de la santé au travail un élément essentiel de la santé publique, en favorisant la prise de conscience par le monde professionnel de la nécessité d’un cadre favorable à la santé, ce en quoi les mutuelles peuvent jouer un rôle. Est aussi souligné l’importance de cartographier les risques principaux de l’entreprise et de miser sur les données de la déclaration sociale nominative (DSN) pour mieux cibler leur prévention. Disposer, par exemple, de données genrées représenterait un atout pour accompagner la santé des femmes.
Pour motiver les entreprises à s’engager dans la prévention, la Mutualité voit un levier efficace dans la majoration des cotisations accidents du travail-maladie professionnelle, par secteur d’activité et en fonction de la sinistralité des entreprises. Et plaide pour une politique de veille sanitaire et de recherche en santé au travail.
Un service de santé au travail universel
Le deuxième volet ambitionne d’améliorer le suivi en santé au travail des personnes en activité professionnelle, notamment en créant un service de santé au travail universel et en mettant à contribution les professionnels des structures de soin et d’accompagnement mutualistes. Ces dernières pourraient jouer un rôle d’information et d’orientation sur les dispositifs existants afin de faire progresser le recours aux droits. Enfin, le troisième axe entend permettre à chacun d’accéder à une meilleure protection en cas d’incapacité ou d’invalidité, laquelle demeure très inégalitaire. Il s’agit de généraliser des couvertures en prévoyance et dépendance, ce qui permettrait de lutter contre la pauvreté des personnes atteintes d’une maladie chronique ou d’un handicap.
Pour limiter l’usure professionnelle et la pénibilité, la Mutualité propose de faciliter l’accès à un départ en retraite anticipée pour incapacité, y compris pour les travailleurs indépendants. Et soutient la réintroduction dans le compte professionnel de prévention (C2P) des quatre facteurs de pénibilité supprimés en 2017 : postures pénibles, charges lourdes, vibrations mécaniques et agents chimiques dangereux.