Des seniors à la peine
Une étude du ministère du Travail sur l'emploi et le chômage des seniors devrait interpeller les pouvoirs publics et les partenaires sociaux quant à la "soutenabilité" du travail et au maintien dans l'emploi des travailleurs vieillissants1 . Depuis le début des années 2000, la tendance est à l'allongement de la durée de vie au travail au nom de l'équilibre des régimes de retraite. La réforme de 2010 a repoussé progressivement l'âge "plancher" de la retraite de 60 à 62 ans, et l'âge donnant accès au taux plein (indépendamment de la durée cotisée) de 65 à 67 ans. Celle de janvier dernier vient d'annoncer la poursuite, après 2020, de la hausse du nombre de trimestres à cotiser.
Dans ce contexte, le taux d'activité des 55-64 ans est passé de 32 % en 2000 à près de 48 % en 2012. Avec toutefois des nuances : le taux des 60-64 ans est nettement plus faible (23 %) que celui des 55-59 ans (72 %). Ce qui s'explique par le fait que nombre de 60-64 ans sont déjà en retraite. Du côté du taux de chômage, celui des seniors est inférieur de près de 3 points à celui de la population générale. En revanche, le principal problème du chômage des seniors est sa durée. Ainsi, 22 % des 55-64 ans au chômage le sont depuis au moins trois ans, contre 11 % pour les 30-49 ans. Fin 2012, 16 % des chômeurs de longue durée avaient 55 ans ou plus, contre 10 % début 2008 et 8 % début 2003.
Lorsqu'on rapproche ces chiffres de l'enquête Santé et itinéraire professionnel (SIP) du ministère de la Santé2 , il est permis de penser que le chômage devient un mode de préretraite pour des salariés dont l'état de santé est dégradé et marqué par les conditions de travail passées. Selon SIP, plus un individu est sorti prématurément de l'emploi, plus le nombre d'années déclarées avec des problèmes de santé est important et plus le temps passé dans un emploi avec des pénibilités physiques l'est aussi. Ça commence quand, l'amélioration des conditions de travail ?