Services de santé au travail et mélange des genres

octobre 2010

Les services de santé au travail, associations loi 1901, se doivent de poursuivre un but non lucratif. Aujourd'hui, ce n'est plus toujours le cas. " Certains services se sont constitué de véritables trésors de guerre, constate un médecin-inspecteur du travail qui souhaite rester anonyme. Ils économisent sur les cotisations des employeurs et gèrent les équipes comme dans des entreprises qui doivent faire du profit, avec primes, reporting, évaluation, et "clients" à satisfaire. Surtout, ils proposent des prestations plus lucratives, des formations par exemple, avec publicité, soldes et ristournes. C'est contraire à leur mission : un service de santé au travail a pour but exclusif la santé des salariés et, pour cela, il doit fournir l'ensemble des prestations nécessaires, à tous. "

Autre source de problèmes : la pluridisciplinarité telle qu'elle est parfois pratiquée. " La loi permet à des intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP) de se présenter comme consultants pour proposer leurs services au médecin du travail, explique Jack Bernon, responsable du département santé et travail de l'Anact, l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail. Or il arrive que des IPRP soient envoyés dans les entreprises pour des actions de sensibilisation gratuites, sur le maniement des charges par exemple, et qu'ils profitent de leur présence pour proposer une formation payante "gestes et postures" à cette population captive. " Mélange des genres. Et gros profits.