"Surveiller le temps de sommeil est essentiel"

par Damien Léger professeur de médecine, directeur du Centre du sommeil et de la vigilance (Hôtel-Dieu, Paris) / juillet 2016

"L'expertise l'étaye avec des données probantes : le travail de nuit conduit à une réduction du temps de sommeil. Chez les personnes en horaire posté et/ou de nuit, dormir moins de 6 heures par 24 heures est 1,7 fois plus fréquent que chez celles en horaire de jour. Or une telle durée est associée à des effets sanitaires comme l'obésité ou le diabète et au risque d'accident. De même, la somnolence est plus fréquente. Et, comme le montre l'expertise, le temps d'éveil précédant la prise de poste a une incidence : plus il est long (poste de nuit), plus le risque de somnolence est grand. La privation de sommeil a des conséquences sur les fonctions de notre organisme, car le sommeil déclenche la production d'hormones jouant sur notre métabolisme. Au niveau comportemental, elle favorise le grignotage, d'autant plus qu'il est plus difficile de s'organiser la nuit pour avoir une alimentation équilibrée. Surveiller le temps de sommeil des salariés de nuit est essentiel, par exemple au moyen d'un agenda de leurs épisodes de repos. Et pour atteindre la durée de 7 heures, où le risque est zéro, il faut compléter avec des siestes pendant les pauses au travail ou à d'autres moments."