Un système de sécurité dangereux

avril 2018

"La Vacma tue !" Formulée par un traminot de Montpellier, cette alerte concerne la veille automatique à contrôle de maintien d'appui ou Vacma (voir "Repère" page 19), système de sécurité utilisé sur les tramways. La cité de l'Hérault et la ville de Nice ont en effet été le théâtre, respectivement en 2012 et 2015, d'accidents mortels de passagers à la suite du déclenchement d'un freinage d'urgence du fait d'un défaut d'utilisation de ce système de veille. Dans les deux cas, les enquêtes des services officiels du ministère des Transports ont reconnu que l'incident avait été provoqué par une surcharge cognitive liée à la conception de la Vacma. Ainsi, à Nice, le conducteur, qui était attentif à des mouvements de piétons, avait oublié de relâcher le système de veille.

Perturbations dans la conduite

Cela fait plusieurs années que la Fédération nationale des syndicats du transport CGT (FNST-CGT) et des ergonomes spécialisés dans les transports en commun dénoncent ces problèmes de conception de la Vacma et les perturbations qu'ils induisent dans les tâches de conduite. "Nous avons accumulé au fil des ans beaucoup de connaissances sur la veille automatique à contrôle de maintien d'appui, explique Robin Foot, expert intervenu sur nombre de réseaux de tramways en France. Notamment le fait que la fréquence des actions sur la veille - qui se veut à l'origine un système de sécurité - crée de l'insécurité chez les conducteurs." Avec des conséquences pour les usagers.

Déposer des alertes

En réaction aux deux accidents mortels, "la fédération a fait passer la consigne de déposer des alertes pour danger grave et imminent sur la problématique de la Vacma", signale Jacky Albrand, secrétaire fédéral de la FNST-CGT. A Lyon, où le groupe franco-québécois Keolis gère le réseau, des élus de CHSCT ont évoqué l'idée de prolonger le maintien d'appui afin que les conducteurs, entre deux stations, n'aient pas à penser à relâcher la veille. Ce qui se fait déjà à Montpellier et à Clermont-Ferrand.

De son côté, l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP), organisation professionnelle regroupant les entreprises du secteur, mène un travail sur les systèmes de veille. "Nous souhaitons étudier la faisabilité d'intégrer automatiquement le réarmement de la veille, en effectuant des gestes de conduite routiniers, et ce, à travers un simulateur adapté, indique Stéphanie Jégu, chargée de mission à l'UTP pour le secteur tramway. Aujourd'hui, cet enclenchement se fait soit par le pied, soit en actionnant un bouton particulier. Le principe retenu est de ne pas compliquer l'environnement de conduite et de rendre cette action intuitive."