Le travail disqualifié
Que près de 40 % des salariés affirment avoir un rythme imposé par un contrôle ou un suivi informatisé paraît très inquiétant. Ce constat témoigne d'une organisation qui disqualifie le travail pour ne prendre en compte que ses résultats. Les salariés sont évalués selon toute une série de données "objectives" : normes, reporting, tableaux de bord. Cette nouvelle forme de management et d'évaluation individualisée des performances instaure la compétition et introduit une gestion par la peur, en créant de l'insécurité dans l'emploi. Il n'est pas surprenant que les conditions se soient dégradées pour l'encadrement de premier niveau, qui vit l'écart entre le travail prescrit et le réel. On retrouve d'anciennes formes de pathologies liées au taylorisme. La reconnaissance de tensions avec les collègues montre bien cette détérioration des rapports sociaux
Les salariés confrontés à des charges émotionnelles méritent une attention particulière. Dans la santé, l'éducation, les services à la personne, ils ont fait le choix de la relation à l'autre, du contact avec des publics en difficulté. Il serait dramatique que les organisations calquées sur des normes "industrielles", appliquées au service public, finissent par l'être aux humains.