Turquie : la sécurité des mines en question
L'explosion qui a eu lieu le 13 mai dernier dans la mine de charbon de Soma, à l'ouest de la Turquie, a coûté la vie à 301 mineurs. Il est reproché aux pouvoirs publics et à la compagnie mère détenant le site minier, Soma Holding, d'avoir négligé la sécurité des mineurs et manqué d'empathie à l'égard des victimes. Le propriétaire de Soma Holding, Alp Gürkan, s'était vanté en 2012 d'avoir réussi à réduire les coûts de production de la mine à 24 dollars la tonne, contre 130 dollars avant la privatisation du site. Huit responsables de la compagnie ont été inculpés et écroués le 19 mai, dont le PDG du site minier. Le gouvernement devrait annoncer prochainement un plan d'action pour renforcer la sécurité dans les mines du pays.
Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), la Turquie affichait en 2012 le taux de mortalité sur les lieux de travail le plus élevé d'Europe. De 2002 à 2012, plus d'un millier de mineurs turcs ont perdu la vie, selon ces statistiques. "En soixante-treize ans, plus de 3 000 mineurs sont morts en Turquie", estime Kemal Özkan, représentant de l'IndustriALL Global Union, fédération syndicale internationale. Le pays a "probablement le pire record de tués dans les accidents miniers et explosions en Europe, et se place au troisième rang mondial", précise le syndicaliste. "Les gouvernements doivent assurer la protection de leurs concitoyens", exige-t-il, en rappelant qu'Ankara n'a toujours pas ratifié la convention 176 du Bureau international du travail (BIT) relative à la sécurité dans les mines. Le gouvernement turc s'est défendu en affirmant que la mine de Soma avait été contrôlée en mars et qu'aucun manquement n'avait été relevé. "Le problème est celui de l'indépendance des experts chargés d'évaluer les risques dans ces mines, juge Mehmet Torun, ancien président de la chambre des ingénieurs miniers. Dans la mesure où ils sont payés par les entreprises qu'ils contrôlent, on peut s'interroger sur la fiabilité de leurs rapports."